Le marché de la dette « High Yield » ralentit la cadence. Rendus prudents par la montée des risques géopolitiques, les investisseurs y regardent à deux fois avant de souscrire tête baissée aux opérations proposées sur le marché primaire. Conséquence : certains émetteurs ont été contraints de postposer leur levée de dette.
Le producteur de grenailles abrasives Winoa a été contraint de suspendre une opération de 260 millions d’euros à six ans en attendant des jours meilleurs.
Winoa n’est pas la seule entreprise à revoir ses ambitions à la baisse ou à réviser les conditions offertes aux investisseurs. Aux États-Unis, Sunshine Oilsands Ltd. (TO:SUO)a reporté son opération compte tenu d’une demande insuffisante. La marque italienne Twin Set-Simona Barbiera SpA a quant à elle augmenté de 12 à 18 mois la période avant laquelle il peut décider de racheter (ou non) par anticipation son emprunt obligataire.
Les politiques monétaires accommodantes des banques centrales ont incité certains investisseurs, prêts à tout pour du rendement, à se ruer sur les émissions disponibles, quitte à souscrire aux emprunts les moins bien notés.
Mais désormais « les investisseurs sont prudents et le marché enregistre des sorties de capitaux. Je constate que les investisseurs accordent plus d’attention aux conditions des opérations et n’hésitent pas à exprimer leur opinion lorsque les termes du deal ne leur conviennent pas » a expliqué à Bloomberg Henry Craik-White, analyste de ECM Asset Management.
Baisse sur le marché secondaire
Cette réévaluation du risque/rendement ne se limite pas qu’aux opérations sur le marché primaire.
Certaines récentes levées de dette sont en effet passées rapidement sous leur prix d’émission une fois négociées sur le marché secondaire.
C'est le cas par exemple de l'emprunt de l'opérateur grec de télécommunications OTE Plc (AT:OTEr) qui a placé le 7 juillet dernier un emprunt d'une maturité égale au 9 juillet 2020 au coupon de 3,50%. Les derniers prix observés sur le marché secondaire tournent autour de 98,60% du nominal (rendement de 3,60%) contre un prix d'émission de 99,284%.
Un autre exemple. Émise au pair à 100% du nominal le 3 juillet dernier, la nouvelle obligation à sept ans du groupe de textile IKKS est désormais disponible sur le marché secondaire à des prix de l'ordre de 95% (rendement de 7,68%).
Enfin, citons également l'obligation à maturité 15 septembre 2019 de But SAS. La chaîne des magasins But a collecté 180 millions d'euros moyennant un coupon de 7,375%. Actuellement, il faut compter sur un prix de 96,87% du nominal contre 100% lors du placement sur le marché primaire.