La livre turque vient de reprendre une grosse partie du terrain cédé depuis le début d'année face aux principales devises comme le dollar et l’euro. La monnaie profite du résultat des élections municipales marqué par la victoire du Premier ministre Erdogan.
Le Parti de la justice et du développement (AKP) d’Erdogan a raflé 46% des votes. Il s’agit d’une très nette victoire par rapport au score de 28% enregistré par le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP). Erdogan améliore également son score par rapport aux élections précédentes de 2009, où il avait récolté 39% des voix. Cette victoire consolide la position du parti AKP, au pouvoir depuis plus de 13 ans.
« C'est un résultat optimiste tout simplement parce que les investisseurs détestent l'incertitude politique et l'instabilité » a expliqué à Bloomberg Benoit Anne, responsable de la stratégie des marchés émergents chez Société Générale à Londres. « Il y a une ré-appréciation du risque politique à la baisse, ce qui est un facteur substantiel de soutien pour les actifs libellés en livre turque », a-t-il poursuivi.
== > Ce mardi, un dollar vaut 2,14 livres turques (TRY) tandis qu'un euro s'échange à 2,96 livres.
La devise turque s’est donc reprise depuis son plus bas historique de 2,39 livres pour un dollar touché le 27 janvier dernier. A l'époque et en réaction à cette pression sur le marché des changes, la banque centrale de Turquie avait nettement resserré sa politique monétaire.
Réunie en urgence, elle annonça une augmentation de 7,75 à 12% de son taux d'intérêt au jour le jour et de 4,4 à 10% de son taux Repo hebdomadaire (il s’agit du taux auquel la Banque centrale rémunère les dépôts des banques). Cette décision avait suscité la colère d’Erdogan qui craignait pour la croissance de l’économie.
D'une manière générale et à l’image d’autres devises des pays émergents, la livre turque a souffert ces dix derniers mois de la perspective de voir les taux américains remonter suite à la politique monétaire moins accommodante de la Fed. Les scandales politico-financiers et la crise politique qui secouent la Turquie depuis la fin 2013 ont également renforcé la méfiance sur la devise du pays.
Sur le marché obligataire, il est possible de se procurer des emprunts libellés en livre turque, à l’instar de cette obligation de la Banque européenne d’investissement (EIB) à échéance 28 novembre 2017 et au coupon de 5,50%. Le rendement tourne actuellement autour de 10,50%. La coupure minimale est de 1.000 livres turques.
Avec cette obligation, le risque est quasiment exclusivement reporté sur la devise, l'émetteur bénéficiant en effet du meilleur rating possible (AAA) auprès des trois agences de notation que sont Fitch, Moody's et Standard & Poor's.
