Une nouvelle étape a été franchie hier dans le dossier grec. Nous avons vécu en direct, avec nos clients, une annonce importante du FMI. Athènes lui a en effet remboursé les 2 milliards d’arriérés provoqués ces derniers jours par un défaut partiel du pays. Nous couvrions alors cette information qui avait fortement agité les marchés. Ainsi, Athènes n’est officiellement plus en défaut de paiement. Mais cette information est très relative, pour deux raisons centrales que les opérateurs boursiers ont largement pricé ces dernières heures. Décryptage.
Le vrai débat est celui de la restructuration de la dette grecque
Premier point, ce paiement n’a été possible que via le prêt d’urgence (de 7 milliards d’euros) consenti jeudi dernier par l’Eurogroupe. En d’autres termes : il s’agit de vases communicants. En aucune manière ce signal de remboursement ne peut être interprété comme le symbole de la solvabilité de la Grèce. Loin s’en faut, ce prêt a été consenti suite aux récentes avancées politiques du dossier que nous couvrions à l’occasion du vote de la Vouli, en milieu de semaine dernière. Mais surtout, ce prêt a pour seule vocation d’éviter au pays de s’enfoncer dans son défaut de paiement. D’autant qu’une autre échéance majeure a été réglée via le même financement.
En effet, Athènes a également annoncé hier le remboursement de 4,2 milliards d’euros dédiés à la BCE. L’AFP précise que ce paiement s’est divisé en deux blocs distincts : 3,5 milliards d’euros de prêts et 700 millions d’euros d’intérêts. Le pays a donc déboursé en une seule journée plus de six milliards d’euros, utilisant l’essentiel du prêt d’urgence. Précisons néanmoins que d’autres « solutions » équivalentes devront être rapidement trouvées car Athènes devra, au total, s’acquitter de plus de 5 milliards d’euros de remboursements divers d’ici le 30 août.
Deuxième raison centrale relativisant l’aspect positif de cette information : ces deux remboursements ne résolvent en rien la situation économique en Grèce. Il s’agit simplement d’une sorte de pirouette financière qui n’a pas vocation à être particulièrement rassurante. Nous insistons surtout, pour les prochains jours, sur l’arrivée du débat central de la restructuration de la dette grecque. La moindre citation, surtout allemande (en particulier de Merkel et Schäuble), risque de provoquer une forte volatilité sur les indices européens. L’enjeu est majeur : le FMI ne participera pas à un troisième plan d’aide international sans reprofilage de la dette grecque (voir nos précédentes analyses). Via une extension très forte des maturités ou via une réduction pure et simple, environ un tiers de la dette actuelle du pays risque d’être effacée.