L’Ukraine vit des heures difficiles, non seulement en raison du conflit armé l’opposant à son voisin russe, mais aussi par les grandes difficultés financières que traverse le pays.
Les termes « faillite » ou encore « restructuration de la dette » sont désormais clairement évoqués par les intervenants de marché. Fitch juge « probable » un défaut de paiement de Kiev. L’agence a récemment abaissé la note souveraine ukrainienne à « CC ». Et ce malgré l’aide de 17,5 milliards de dollars annoncé début février par le Fonds monétaire international (FMI).
Le conflit armé avec les séparatistes prorusses dans l’est du pays a considérablement dégradé les finances du pays. L’instabilité politique qui en résulte met en péril les réformes économiques préalables à la mise en œuvre du plan d’aide de 40 milliards de dollars (étalé sur quatre ans) du FMI.
Une renégociation de la dette ne sera pas chose aisée, étant donné les hostilités avec la Russie qui se trouve également être l’un des principaux créanciers du pays. La situation est d’autant plus délicate que certaines clauses de contrats obligataires autorisent Moscou à réclamer le remboursement de plusieurs emprunts, si l’endettement de Kiev venait à dépasser 60% du PIB. Ce ratio s’élève à 72%, rappelait Fitch récemment.
Chute de la devise, bond des CDS
La situation est d’autant plus tendue que l’Ukraine voit ses réserves de change fondre comme neige au soleil et sa devise (la hryvnia) s’effondrer, forçant la banque centrale à intervenir. L’institution financière a décidé cette semaine d’encadrer strictement l’achat de devises étrangères avec des fonds déposés en hryvnias. La mesure a permis d’enrayer la chute de la monnaie, sans pour autant calmer les investisseurs.
La prime d’assurance (ou contrat CDS) pour s’assurer contre un défaut de paiement de l’Ukraine s'est envolée ces dernières heures. Les rendements suivent la même tendance.
Pour ne citer qu’un exemple, l’obligation de l’Ukraine d’une maturité égale au 13 octobre 2015 et libellée en euro est actuellement disponible à 48,59%. Son rendement atteint le niveau stratosphérique de 172,535%, sur base d’un coupon de 4,95%.
« L’Ukraine est en faillite et seule l’implication du FMI dans ce dossier permet d’expliquer le fait que les obligations se traitent encore autour de 40 à 45% du nominal » a expliqué à Bloomberg Dmitri Barinov, gestionnaire de fonds chez Union Investment Privatfonds GmbH à Francfort.