Crimée : Le Double échec
Dans notre analyse de lundi nous titrions « Annexion en douceur, sans surprise ». Moins de 48 heures après la publication des résultats officiels du référendum en Crimée, Vladimir Poutine a signé en grande pompe les traités d’intégration de la péninsule à la Russie. Dans le même temps, les sanctions occidentales paraissent particulièrement inutiles ; à tel point que le Kremlin semble n’y attacher aucune importance. Hier, lors d’un discours aux accents patriotiques devant la presse et les responsables russes, Vladimir Poutine a minimisé l’impact des premières sanctions économiques adoptées par les Occidentaux. Ainsi, les sanctions jusqu’à présent évoquées par les Etats-Unis et l’Europe ont été perçues avec « ironie et sarcasme » à en croire le président russe. Nous subissons clairement un double échec. Premièrement, les frontières d’un allié de premier plan aux portes de l’Europe viennent d’être réduites en quelques jours. Deuxièmement, nous n’avons absolument pas réagi… ou tout juste.
Les responsables russes se sont largement moqués de la liste des dignitaires mentionnés pour de possibles sanctions en évoquant, tour à tour : « Ce n’est pas une tragédie », « C’est un grand honneur d’être sur cette liste », « Camarade Obama, la liste a-t-elle été rédigée par un blagueur ? ». Et ces quelques citations sont loin d’être exhaustives. Désormais, l’annexion de la Crimée est donc officielle et plus que jamais l’Europe apparait affaiblie par sa lenteur et son incapacité à réagir face à ce type de crises politiques, pourtant inédites depuis plus de vingt ans. A n’en pas douter, les développements de ce dossier continueront d’agiter les marchés financiers dans les prochaines séances, notamment l’indice boursier allemand (le DAX30). En guise de conclusion, l’Institut français des relations internationales (Ifri) précise que ces sanctions, nos sanctions, sont d’autant plus inefficaces qu’elles ne s’attaquent pratiquement qu’à des dignitaires russes n’ayant aucun patrimoine aux Etats-Unis ou en Europe. Du grand art, comme d’habitude.
Zoom sur l'or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l'engouement actuel pour les valeurs refuges comme l'or, l'argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd'hui à l'or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement sur ses plus hauts niveaux de ces cinq derniers mois en cotant à 1 350$ l'once. En D1, le RSI (14) évolue toujours autour de son niveau de surachat, donc à proximité du cap symbolique des 70. Il semble néanmoins repartir à la baisse, comme anticipé précédemment. Si les récentes hausses successives de la valeur sont grandement liées aux craintes soulevées par le dossier ukrainien et par le ralentissement économique en Chine (voir nos dernières analyses), précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour la séance en cours, nous privilégions un scénario baissier ayant pour point pivot les 1 370$. En dessous de ce niveau, les cibles envisageables à la vente se situent à 1 345$ et à 1 328$. En scénario alternatif, donc au-dessus de ce point pivot situé à 1 370$, nous tablons sur des cibles à 1 382$ et à 1 390$. Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 370$) sert de résistance, comme actuellement, nous nous concentrerons sur un trading range avec un fort biais baissier. Nos précédentes analyses sur l’or ont largement porté leurs fruits à l’occasion des dernières séances de trading.
Rappel de notre trame de fond
Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette cinquième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est désormais réduit. Jusqu'à présent, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, ce montant sera de 65 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers justifiant auprès des opérateurs boursiers les niveaux historiques atteints par les indices boursiers occidentaux. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablons sur un arrêt total du programme « QE3 » à la fin de l'année.