Chaque jour, Oblis revient sur l'évolution d’une obligation depuis son lancement. Ce vendredi, nous avons épinglé l’emprunt de l'enseigne française des magasins BUT SAS.
D’une taille de 180 millions d’euros, cet emprunt avait été émis au mois de juin dernier dans un contexte particulièrement favorable pour les nouvelles émissions de dettes « High Yield ». Les émetteurs spéculatifs pouvaient alors compter sur l'appétit des investisseurs prêts à se positionner sur des actifs plus risqués, en contrepartie d’une rémunération élevée.
A ce titre, BUT SAS avait dû s’acquitter d’un rendement supérieur à 7% pour séduire les investisseurs, lesquels tenaient certainement compte des ratings du groupe (« B » chez Standard & Poor's et chez Fitch).
Lors du placement sur le marché primaire, Standard & Poor’s rappelait la situation très concurrentielle du marché français du meuble, soumis à l’évolution du pouvoir d’achat des ménages et au volume des transactions immobilières. Fitch Ratings épinglait pour sa part l’endettement élevé de BUT SAS (*).
« dividend recap »
Le produit de l’émission avait servi notamment à financer le dividende versé aux trois grands actionnaires de l’enseigne française que sont Goldman Sachs, Colony Capital et OpCapita. Ensemble, ces derniers détiennent BUT SAS à travers Decomeubles Partners.
C'est ce qu'on appelle une opération de « dividend recap », à savoir endetter la société pour rémunérer ses actionnaires. Fréquents au milieu de la décennie 2000, ces refinancements avaient quasiment disparu avec la crise (**).
Passage à vide à l'automne dernier
L’obligation a connu un passage à vide au mois de septembre et octobre, entrainée par la correction généralisée du marché des obligations à « haut rendement ».
Plusieurs éléments pouvaient expliquer la correction de ce segment de marché spéculatif. Parmi d’autres, la mise en faillite du revendeur britannique de téléphonie mobile Phones 4U était venu rappeler aux investisseurs les risques du « High Yield ». En outre, cette correction avait permis de revenir à des niveaux de valorisation et de rendements davantage en adéquation avec la situation économique.
Après avoir touché un plus bas à 89% du nominal à la mi-octobre, l’obligation s’est bien reprise depuis lors pour se traiter actuellement à 103,60% du nominal. Son rendement atteint 6,40% sur base d’une maturité égale au 15 septembre 2019 et d’un coupon de 7,375%. Ce dernier est versé sur base semestrielle, en mars et en septembre de chaque année.
La coupure de négociation s’élève à 100.000 euros et la taille émise à 180 millions.