Les conséquences boursières de l’annexion
Alors que le monde a toujours les yeux braqués sur la Crimée, les craintes s’accentuent sur une possible annexion d’autres régions de l’Est de l’Ukraine par les forces russes. Les investisseurs ont une forte aversion pour ces situations de de vive tension. Conséquence directe de la plus grave crise politique européenne depuis plus de vingt ans ; la capitalisation de la Bourse de Moscou (l’indice Micex) a perdu plus de 50 milliards d’euros depuis le début du mois. Cette chute spectaculaire est évidemment liée à ces tensions politiques, voire militaires, aux portes de l’Europe. Vladimir Poutine bénéficie d’un fort soutien populaire en Russie mais s’attire de plus en plus la défiance des grands acteurs économiques locaux ; ces tensions, et les sanctions qu’elles pourraient entrainer côté russe, sont mauvaises pour les affaires. Précisons par exemple que l’indice Micex cote actuellement 3,8 fois le bénéfice des entreprises russes qui le composent, soit trois fois moins que pour la plupart des autres pays émergents.
Avant cette annexion, la Bourse russe était déjà dans un piteux état et cette tendance nettement baissière devrait s’accentuer à mesure que les Occidentaux appliquent leurs sanctions, qui sont, comme nous le révélions dans nos précédentes analyses, particulièrement légères au stade actuel. Néanmoins, ces maigres sanctions devraient se renforcer dans les prochains jours contre les entreprises des secteurs énergétiques, miniers et financiers. Certaines entreprises russes devraient notamment être empêchées d’émettre des obligations ou des opérations de fusion et risqueraient même d’être bannies de fonds d’investissement. Or, l’économie russe est particulièrement dépendante à ses exportations de matières premières. Le pays est en effet le premier producteur mondial de pétrole. Au moment où, comme en zone euro, la Russie cherche à maintenir une croissance positive, les investisseurs locaux ont raison de craindre un nouvel effondrement de l’indice Micex.
Zoom sur l'or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l'engouement actuel pour les valeurs refuges comme l'or, l'argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd'hui à l'or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement autour des 1 323$ l'once. En D1, le RSI (14) évolue désormais en zone neutre, à proximité du cap médian (50). Si les récentes hausses successives de la valeur sont grandement liées aux craintes soulevées par le dossier ukrainien et par le ralentissement économique en Chine (voir nos dernières analyses), précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour la séance en cours, nous privilégions un scénario baissier ayant pour point pivot les 1 337$. En dessous de ce niveau, les cibles envisageables à la vente se situent à 1 319$ et à 1 312$. En scénario alternatif, donc au-dessus de ce point pivot situé à 1 337$, nous tablons sur des cibles à 1 347$ et à 1 355$. Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 337$) sert de résistance, comme actuellement, nous nous concentrerons sur un trading range avec un fort biais baissier. Nos précédentes analyses sur l’or ont largement porté leurs fruits à l’occasion des dernières séances de trading.
Rappel de notre trame de fond
Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette troisième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est réduit, pour la troisième fois. Initialement, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, suite au troisième « tapering », ce montant mensuel est de 55 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers justifiant auprès des opérateurs boursiers les niveaux historiques récemment atteints par les indices occidentaux. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablons sur un arrêt total du programme « QE3 » à la fin de l'année.