Le marché obligataire s'inquiète de l'exposition de Raiffeisen Bank à la Russie
Les obligations Raiffeisen Bank International chutent depuis plusieurs jours sur le marché secondaire. Certains investisseurs craignent d’être mis à contribution, en cas de dégradation de la solvabilité de la banque. Ils préfèrent dès lors alléger leur position.
La banque autrichienne a récemment indiqué qu’elle pourrait avoir perdu 500 millions d’euros en 2014, en raison de la contreperformance de ses activités en Russie. Sur les 9 premiers mois de l’année dernière, elles ont contribué à 55% du bénéfice avant impôts et consolidation, contre 42% en 2013 et 37% en 2012. La Raiffeisen est la banque étrangère la plus exposée à Moscou.
Dans ce contexte, l'inquiétude des investisseurs ne cesse de croître. On peut les comprendre. Depuis le 1er janvier, une loi autrichienne exige que les créanciers obligataires soient d’abord mis à contribution avant toute aide/intervention de l’Etat en cas de problèmes de solvabilité. Une dégradation du bilan de Raiffeisen pourrait donc bien avoir des conséquences concrètes pour eux.
Le directeur financier Martin Grüll a bien tenté de rassurer ces derniers jours, précisant que la banque n’aurait pas besoin d’augmentation de capital et qu’elle continuerait « confortablement à répondre aux ratios réglementaires », mais le marché semble ne pas l’entendre de cette oreille.
Envolée des rendements
Pour preuve, les primes d’assurance pour se prémunir contre un défaut de paiement de l’émetteur se sont envolées ces derniers jours. On peut en déduire que sur la seule dette 'junior', le marché estime désormais à 70% les chances d’un défaut de paiement de Raiffeisen d’ici 5 ans.
Rang de subordination plus élevé oblige, les porteurs de l’emprunt à échéance 27 avril 2023 (coupon de 5,875%) ou encore 16 octobre 2023 (coupon de 6%) pourraient être les premiers à être mis à contribution, ce qui incite certains à vendre. Facteur aggravant, « les banques d’investissement rechignent à traiter les titres (Raiffeisen) et à prendre le risque à leur compte » a déclaré Robert Montague, analyste Crédit chez ECM Asset Management à Londres. La liquidité s’en trouve réduite et les écarts de cours renforcés.
Effet BNS
Les craintes pour les activités russes interviennent quelques jours après la décision de la BNS de suspendre le cours plancher du franc suisse, provoquant une appréciation de sa devise. Or Raiffeisen a octroyé, entre autres, des crédits hypothécaires libellés en franc aux ménages de pays d’Europe de l’Est, comme la Pologne. Après avoir profité jusqu’à présent d’une alternative aux taux plus élevés de leur propre monnaie, les emprunteurs polonais vont devoir désormais débourser plus de zlotys pour honorer leur dette, augmentant le risque de défaut.
Raiffeisen (VIE:RBIV) doit également compter avec une nouvelle loi en Hongrie. Celle-ci oblige les banques à indemniser les clients, si les autorités considèrent qu'elles imposent des conditions injustes en matière de prêts.