L’obligation Magnolia BC SA (maison mère de Maisons du Monde) se négocie actuellement aux alentours du pair. Son coupon s’élève à 9%, sa maturité est égale au 1er août 2020 et sa coupure est fixée à 100.000 euros. Les conditions d’émission prévoient plusieurs possibilités de remboursement anticipé.
L’obligation est notée « B » chez Standard & Poor’s et « B2 » chez Moody’s. Il s’agit donc de notations spéculatives (« High Yield »). "Ce rating « B2 » reflète la relative petite taille de Maisons Du Monde dans un marché fragmenté, sa nature assez cyclique, son caractère très saisonnier, la faible croissance des segments d'ameublement et de la décoration et enfin, son haut niveau d’effet de levier", expliquait Moody’s lors de l'émission de l'obligation en juillet 2013.
Maisons du Monde a émis cette obligation via sa maison mère Magnolia BC SA, une holding créée en mai 2013 pour financer le rachat de Maisons du Monde par le fonds d’investissement Bain Capital LCC. Il s’agissait donc d’un rachat par endettement (LBO).
Qu’est ce qu’un LBO ?
Un LBO, de l’anglais «Leverage Buy-Out », permet aux fonds d’investissement d’acquérir des entreprises par endettement. En d’autres termes, le fonds apporte une partie de l’argent mais l’essentiel du montant du rachat est généralement financé par l’entreprise rachetée, qui pour cela, s’endette sur le marché obligataire ou bancaire.
L’endettement de l’entreprise rachetée atteignant des niveaux élevés, ces opérations sont considérées comme risquées et donc classées en « Junk Bonds », ce qui explique les niveaux de rendements élevés pour ce type d’obligation.
Le but de ce type d’opération est de permettre aux repreneurs de racheter une société en dépensant un minimum d’argent.
Comment fonctionne un LBO ?
Pour réaliser ce type de montage juridico-financier, le fonds d’investissement (Bain Capital dans le cas qui nous concerne) va créer une holding (Magnolia BC SA). La holding émet un emprunt obligataire et rachète avec les fonds levés l'entreprise ciblée (Maisons du Monde).
Le capital à mobiliser pour l'acheteur (Bain Capital) est donc essentiellement celui nécessaire à la constitution de la holding (Magnolia BC SA).
Les cash flow et les bénéfices de l’entreprise (Maisons du Monde) serviront par la suite à rembourser son endettement, sous forme de dividendes par exemple.
Pour faire un parallèle, c'est un peu comme si vous achetiez à crédit un bien immobilier (financé à 100% par l'emprunt). Les loyers perçus rembourseront le crédit. Le seul capital que vous mobilisez est celui des frais de notaire. Quand l'emprunt est soldé vous êtes pleinement propriétaire et vous pouvez le revendre.
Un chiffre d'affaires estimé à 600 millions d'euros
Cet emprunt obligataire entrait donc dans le cadre du financement du rachat de 80% du capital de Maisons Du Monde par le fonds d’investissement américain Bain Capital, auprès des fonds Apax Partners, LBO France et Nixen Partner (*). Le prix de la transaction aurait avoisiné 650 millions d'euros. Le fondateur de Maisons du Monde, Xavier Marie, qui détiendrait encore 20% du capital, ainsi que l'équipe dirigeante, restent actionnaires de la société.
Concurrent d'Ikea, des magasins BUT ou encore de Conforama, Maisons du Monde compte 220 magasins et réaliserait actuellement 30% de ses ventes hors de France (Belgique et Luxembourg). Avec son nouveau propriétaire bostonien (Bain Capital), l'enseigne d'ameublement et de décoration devrait être en mesure de poursuivre son internationalisation en Allemagne, en Italie, voire aux Etats-Unis.
Peu d’informations financières sont disponibles sur la société. Lors de son rachat par Bain Capital au mois de septembre 2013, les analystes anticipaient un chiffre d’affaires de 600 millions d'euros pour 2013 ainsi qu’un résultat opérationnel de 84 millions.