Le marché du pétrole a prouvé hier, de nouveau, que l'OPEP est, elle aussi, en mesure de s'adonner au jeu des spéculations.
La semaine dernière, le prix du pétrole a remonté doucement vers les $50 le baril, s'appuyant apparemment sur les rapports selon lesquels l'OPEP prévoit de se réunir pour discuter d'une gel de la production à la fin septembre. Au début de cette semaine, néanmoins, les médias ont indiqué que la plupart des analystes ne croient pas que l'OPEP parviendra à s'entendre sur un gel de la production (conclusion évidente), que le nombre de nouveaux forages aux Etats-Unis est en hausse et que l'Irak prévoit de renforcer ses exportations de pétrole. Le prix du pétrole a commencé à décliner.
Ensuite, vers la mi-journée mardi, le prix du pétrole a progressé de près de 1,50 dollar. La raison ? Un rapport de Reuters basé sur une source anonyme de l'OPEP, selon lequel l'Iran pourrait être intéressé par une mesure commune pour soutenir les prix du pétrole. Même si le ministre iranien du Pétrole n'a pas confirmé que l'Iran assistera à la réunion de septembre en Algérie, les spéculateurs prennent, malgré tout, déjà en compte cette éventualité.
L'Iran ne tire pas d'avantages à réduire sa production du pétrole. Le pays a besoin d'argent et vient juste de franchir un obstacle politique majeur en matière de nouveaux contrats de développement pétrolier (appelés contrats pétroliers iraniens ou IPC). L'acceptation de geler sa production pétrolière à ses niveaux actuels enverrait un message aux investisseurs selon lequel l'Iran n'est pas ouvert au développement pétrolier et limiterait la capacité du pays à accroître ses revenus dans le futur. L'Iran ne peut pas faire cela.
Ce que l'Iran et les membres de l'OPEP peuvent faire, c'est de jouer le jeu des spéculations. Etant donné que tous les pays producteurs et les sociétés (à l'exception de pays pauvres comme le Venezuela) produisent à des rythmes élevés, et étant donné que la demande mondiale ne progresse pas à la même vitesse, le prix du pétrole est coincé sous un certain seuil et au-dessus d'un autre .
Or, dans cette fourchette de prix, certains pays producteurs (comme l'Iran, l'Arabie saoudite, l'Irak et la Russie) se sont rendus compte qu'avec de simples paroles, ils pouvaient facilement manipuler les traders du pétrole. Alors que les anciens ministres du Pétrole, tels que Ali al-Naimi en Arabie saoudite, ont souvent réprimandé les spéculateurs pour leurs réactions méticuleusement motivées par l'analyse de chaque mot, la génération actuelle a pris l'avantage. Il semble que les ministres des pays de l'OPEP manipulent les manipulateurs. Ils délivrent des communiqués énigmatiques qui ne sont pas mensongers, mais qui ne pas non plus substantiels. Ces communiqués servent à soutenir les prix alors que les pays continuent de surproduire. Tout ce qu'ils ont à faire pour relever les prix de quelques points est de délivrer un communiqué ou deux sur un possible accord ou un espoir de "stabilisation du marché". Ils attendent un jour, ou une heure, et les spéculateurs mordent à l'hameçon, faisant grimper les prix du pétrole.
Cette semaine, en effet, les spéculateurs ont encore une fois mordu à l'hameçon.