Depuis le début de l’année, les dépôts clientèle des banques grecques ont fondu d’au moins EUR 30 mrds, portant l’hémorragie depuis 2009 à plus de EUR 100 mrds (plus d’un quart des actifs bancaires totaux). Les retraits se sont accélérés ces dernières semaines.
Une part croissante des injections de liquidité fuit sous forme de monnaie fiduciaire ou au profit des réserves des banques étrangères auprès de l’Eurosystème.
L’idée d’un contrôle de capitaux fait son chemin.
Si, malgré les pertes cumulées, les banques grecques satisfont jusqu’à présent aux exigences minimales de solvabilité, la qualité de leurs fonds propres durs est fragile, ce qui pourrait nécessiter de nouvelles recapitalisations.
Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Tsipras en janvier 2015, les dissensions profondes entre la Grèce et ses créanciers internationaux (Etats membres de la zone euro, BCE et FMI) autour de l’aide financière et des réformes structurelles ont provoqué une nouvelle crise de liquidité dans le système bancaire hellène sous l’effet de retraits massifs de dépôts des résidents (ceux des non- résidents ont fui il y a plusieurs années déjà et sont réduits à portion congrue). S’il s’agit du troisième épisode du genre après celui de
2010, qui s’était conclu avec le premier plan de sauvetage, et celui de 2012, qui avait débouché sur le plan Public Sector Involvement, force est de constater qu’à aucun moment la baisse des dépôts ne s’est résorbée (Graphique 1). Tout au plus s’était-elle stabilisée en 2013 et 2014 à la faveur d’une relative stabilité politique retrouvée sous le gouvernement Samaras. La mise en œuvre des réformes avait alors valu à l’économie et à ses établissements de crédit un certain retour en grâce sur les marchés. Alors qu’entre septembre 2009 et le dernier point mensuel d’avril 2015 la masse des dépôts du secteur privé non financier a fondu de 45% (soit une baisse cumulée de EUR 105 mrds, dont EUR 26 mrds depuis le début de l’année, et même davantage en considérant les retraits accrus de mai et juin), il paraît opportun d’en éclairer les conséquences sur la liquidité.