Les rendements réels : Conférence Euromoney sur l’inflation mondiale
Paris, 19 mai 2015
Intervention de Christian Noyer, Gouverneur de la Banque de France
« L’inflation mondiale et les réponses de politique monétaire dans la zone euro »
Les évolutions de l’inflation dans les pays avancés ont été surprenantes ces dernières années. Tandis que les taux d’inflation ont fortement baissé durant la crise financière, évoluant ainsi conformément aux anticipations, il est beaucoup plus difficile d’expliquer leur comportement ultérieur. En fait, au lieu du rebond qu’on aurait pu attendre à la faveur de la stabilisation puis de la reprise de l’activité économique, l’inflation mondiale a diminué, passant de 4,2 % en 2012 à 3,5 % en 2014 et, dans les pays de l’OCDE, de 2,3 % à 1,7 %. La baisse de l’inflation est persistante bien que les prix du pétrole se soient stabilisés et que la reprise soit en cours aux États–Unis et au Royaume–Uni et soit en train de prendre corps dans la zone euro. Aux États–Unis, par exemple, l’inflation sous-jacente mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) est passée de 2,3 % en janvier 2012 à 1,8 % en mars 2015. Au Royaume–Uni, sur la même période, le taux d’inflation est passé de 2,6 % à 1 %, soit au–dessous de l’objectif de 2 %.
La persistance d’une inflation faible a des conséquences pour les perspectives économiques et la politique monétaire. Lorsque l’inflation est faible, les entreprises, les ménages et les administrations publiques ont plus de difficultés à réduire la charge de leur dette, ce problème demeurant aigu dans plusieurs pays de la zone euro. De plus, avec des anticipations d’inflation faibles, le secteur privé est susceptible de différer ses dépenses, affaiblissant ainsi l’activité économique.
De fait, l’inflation est désormais inférieure à la cible des banques centrales dans la plupart des économies avancées. Par conséquent, les banquiers centraux se sont demandé si cette baisse résultait de chocs symétriques, d’une coïncidence de facteurs internes ou de modifications structurelles en termes de réaction des prix vis-à-vis de l’écart de production.
Si les évolutions récentes des prix aux États–Unis et au Royaume–Uni s’expliquent largement par des forces désinflationnistes extérieures, telles que la baisse des prix du pétrole et l’appréciation de la monnaie, une moindre sensibilité de l’inflation au chômage dans le contexte de la reprise économique en cours a également été constatée. Bien que des facteurs externes aient aussi influé sur la zone euro, mon évaluation globale de la situation dans la zone est qu’elle continue de pâtir d’une sous-utilisation des capacités de production. C’est ce qui a motivé les mesures audacieuses décidées par l’Eurosystème pour contrer le risque que l’inflation reste trop basse sur une période trop longue.
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