(Reuters) - La hausse des bénéfices tirés des activités de raffinage a dopé les résultats d'Exxon Mobil et de Chevron, permettant aux deux groupes d'amortir l'impact de la baisse de leur production de gaz et de pétrole et la glissade des cours du brut qui ont perdu près de 25% depuis fin juin.
Les deux majors pétrolières américaines ont fait part de résultats meilleurs qu'attendu, et leurs dirigeants ont tous les deux souligné l'intérêt de détenir d'importantes infrastructures de raffinage en parallèle aux puits de gaz et de pétrole.
L'action Chevron a gagné 2,35% à 119,95 dollars et celle d'Exxon a pris 2,39% 96,71 dollars, dans un marché haussier.
La baisse des cours permet traditionnellement aux groupes pétroliers de bénéficier d'une hausse de leurs marges de raffinage même si elle affecte parallèlement la rentabilité de la production.
"Les résultats d'Exxon Mobil démontrent la force de notre modèle d'entreprise intégré", a commenté le directeur général Rex Tillerson dans un communiqué accompagnant les résultats du groupe.
Chevron a annoncé un bénéfice net de 5,59 milliards de dollars au troisième trimestre soit 2,95 dollars par action, ce qui représente une hausse de 13% par rapport aux profits réalisés l'an dernier à la même époque, alors que le consensus Thomson Reuters I/B/E/S anticipait 2,55 dollars par titre.
Chez son concurrent Exxon, le bénéfice a augmenté de 3% à 8,07 milliards de dollars, soit 1,89 dollar par action, contre 1,71 dollar attendu dans le consensus. Dans le secteur du raffinage, les bénéfices ont bondi de 23% à 460 millions.
Cette tendance est également perceptible chez les groupes qui ont mis le raffinage au coeur de leur métier. Tesoro a ainsi annoncé vendredi que son bénéfice trimestriel avait quadruplé à 396 millions de dollars, tandis qu'ils ont plus que doublé à 1,18 milliard chez Phillips 66.
Chevron, numéro deux américain du secteur après Exxon, a de son côté indiqué que sa production a diminué de près de 1% à 2,57 millions de barils équivalent pétrole par jour, les forages des nouveaux puits ne compensant pas le déclin des plus anciens.
PRESSION SUR LES DÉPENSES D'INVESTISSEMENT
Les grandes compagnies pétrolières américaines, qui avaient déjà commencé à limiter leurs dépenses d'investissement avant la chute des cours du pétrole en juin, tentent de réduire encore leurs budgets tout en rappelant aux investisseurs qu'elles doivent continuer à investir pour assurer leur croissance.
Exxon a annoncé qu'elle ne toucherait pas à son plan d'investissements, même s'il est en retrait de 15% par rapport à 2013, Chevron a dit qu'elle cherchait à "moduler" ses dépenses et ConoPhilips COP.N qu'elle dépenserait moins l'an prochain.
Exxon, qui fixe des plans d'investissement sur le long terme, prévoit toujours de dépenser un peu moins de 37 milliards de dollars par an sur la période 2015-2017, a précisé le groupe.
"Nous sommes toujours attentifs à ce qui peut se passer dans un proche avenir mais je rappelle régulièrement que nous sommes des investisseurs de long terme", dit Jeff Woodbury, responsable des relations avec les investisseurs d'Exxon.
Les investissements de la compagnie basée à Irving dans le Texas ont atteint un pic de 42,5 milliards de dollars l'an dernier et ont totalisé 28 milliards depuis le début 2014, en baisse de 14% par rapport aux neuf premiers mois de 2013.
Depuis le début de l'année, Chevron a réalisé 25,7 milliards de dollars de dépenses d'investissement. A l'automne, le groupe a annoncé un objectif de 39,8 milliards pour l'année 2014.
ConocoPhillips, premier pétrolier indépendant américain, a indiqué jeudi, lors de la présentation de ses résultats trimestriels, son intention de dépenser moins de 16 milliards de dollars en 2015, contre 16,7 milliards attendus pour 2014.
(Anna Driver et Ernest Scheyder,; Nicolas Delame et Juliette Rouillon pour le service français)