L'élection présidentielle américaine, les nouveaux confinements en Europe et d'autres nouvelles imminentes signifient que la semaine prochaine pourrait être cruciale pour déterminer la direction de l'économie mondiale et de la demande de pétrole.
Deux questions majeures ont fait baisser le prix du pétrole cette semaine. Nous aborderons ci-dessous ces deux facteurs ainsi que ce à quoi il faut s'attendre à l'avenir :
Deux facteurs qui pèsent sur les prix du WTI
1. Volatilité des élections
Premier enjeu majeur pesant sur le prix du pétrole : la possibilité qu'aucun des candidats à la présidence ne remporte de victoire décisive lors de l'élection prévue pour mardi 3 novembre. Les investisseurs retirent de l'argent des marchés des actions et des matières premières en prévision de ce qui pourrait être une élection contestée.
La dernière élection présidentielle contestée remonte à 2000, où il a fallu des semaines de recomptages et de procès pour déterminer le vainqueur final. Compte tenu des sentiments politiques profondément ancrés aux États-Unis, il est possible que cette élection soit contestée pendant plusieurs jours après la fin du scrutin. Comme l'a souligné cette chronique la semaine dernière, les marchés n'aiment pas ce genre d'incertitude
2. Verrouillages européens
Les restrictions liées au coronavirus qui viennent d'être annoncées dans deux des plus grandes économies européennes, la France et l'Allemagne, ont également fait baisser les prix du pétrole cette semaine. En raison de l'augmentation des cas de COVID-19, le président Macron et la chancelière Merkel ont introduit de nouvelles mesures de verrouillage, qui feront baisser la demande de pétrole dans leurs pays respectifs. D'autres pays européens pourraient suivre l'exemple.
Les dommages causés à la demande de pétrole par ces mesures ne seront pas entièrement connus tant que nous ne verrons pas comment les gens réagissent. Mais des données de Bloomberg, qui détaillent l'utilisation des autoroutes en France, en Espagne et en Italie et l'utilisation globale des routes au Royaume-Uni, montrent une diminution de l'utilisation entre le 11 et le 25 octobre. Les fermetures imposées par le gouvernement, même si elles n'incluent pas les écoles primaires et secondaires, vont faire encore plus mal aux chiffres de la consommation d'essence.
A quoi doit-on s’attendre pour la suite ?
1. Effets des ouragans Delta et Zeta
L'impact de l'ouragan Delta, au début du mois d'octobre, apparaît toujours dans le rapport hebdomadaire de l'EIA sur la situation pétrolière. Les chiffres publiés hier (mercredi 28 octobre) montrent une accumulation de 4,3 millions de barils dans les réserves de pétrole brut, ce qui est attribué à un retard dans le raffinage dû à la fermeture des raffineries suite à l'ouragan Delta.
Pendant ce temps, l'ouragan Zeta traverse le Golfe du Mexique et, au moment d'écrire ces lignes, a touché terre près de la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, et s'est abattu sur le Tennessee. Contrairement aux deux précédentes tempêtes qui ont frappé la Louisiane cette année, Zeta ne devrait pas s'approcher des infrastructures de raffinage du pétrole et de pétrochimie qui se trouvent à la frontière entre la Louisiane et le Texas.
Cependant, selon le Bureau of Environmental Enforcement (BSEE), environ 67% de la production pétrolière actuelle du Golfe du Mexique a été mise hors service à cause de cette tempête. Cela représente environ 1,2 million de bpj de production pétrolière. Les opérateurs devraient s'attendre à voir ces fermetures avoir un impact sur le rapport hebdomadaire de l'EIA sur la situation du pétrole de la semaine prochaine.
2. Nouvelles sanctions contre l'Iran
Le département du Trésor américain a annoncé lundi de nouvelles sanctions contre le ministère iranien du pétrole, contre la National Iranian Oil Company, sa compagnie de pétrolière et également contre le ministre iranien du pétrole Bijan Zangeneh.
Il est peu probable que ces nouvelles sanctions modifient la production ou les exportations de pétrole de l'Iran. Selon TankerTrackers.com, l'Iran continue d'exporter (quelque peu) furtivement du pétrole, en violation des sanctions américaines. En septembre, il a exporté près de 1,3 million de bpj de pétrole et est en voie d'exporter une quantité similaire en octobre.
Si Biden gagne les élections, il pourrait changer la politique de sanctions américaines, mais pas avant son inauguration le 20 janvier. Nous ne savons pas combien de pétrole supplémentaire l'Iran fournirait au marché si Biden gagne et s'il change de politique. Les analystes prévoient que cela pourrait se situer entre 1,8 million de bpj et 2,5 millions de bpj en 2021, si les sanctions sont levées.
Cependant, les traders ne devraient pas accorder beaucoup d'importance à ces chiffres, car personne ne le sait. Si Biden gagne et ne s'oriente pas vers un assouplissement des sanctions, il est toujours possible que l'Iran profite d'une administration apparemment conforme, et développe ses exportations (quelque peu) clandestines en espérant qu'une administration Biden ne répliquera pas.
Il est également possible qu'une administration Biden continue à appliquer les sanctions jusqu'à ce qu'un nouvel accord soit conclu ou que l'accord JCPOA de l'administration Obama soit rétabli. L'équipe de M. Biden n'a pas fourni beaucoup d'informations aux traders concernant ses projets pour l'Iran.
3. Plans de l'OPEP
Les signes se multiplient pour indiquer que l'OPEP+ décidera de ne pas augmenter la production comme prévu en janvier. Mercredi, le chef de la branche commerciale de Saudi Aramco (SE:2222) a déclaré que les raffineries situées en dehors de l'Asie ayant réduit la quantité de pétrole brut qu'elles traitent, il pense qu'il serait très difficile pour le marché d'absorber le brut provenant de l'augmentation de la production.
De nombreuses raffineries non asiatiques ont réduit leur capacité, et certaines ferment en raison de la faiblesse de leurs marges. Cependant, l'OPEP+ pourrait se retrouver avec un million de bpj supplémentaires sur le marché, même si elle décide de ne pas augmenter sa production de 2 millions de bpj en janvier. Les exportations de pétrole libyen devraient atteindre 1 million de bpj le mois prochain après une récente trêve dans le conflit interne de ce pays.