Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
L’OPA lancée par Atos Origin (PA:ATOS) sur Gemalto (AS:GTO) lundi soir était évidemment LA grosse news corporate de cette fin d’année. La SSII a proposé de racheter le spécialiste de la sécurité numérique pour 4,3 milliards d’euros, soit 46€ par action. Cela représente une prime de plus de 35% par rapport au dernier cours coté.
▶ Un marché dubitatif sur l’OPA
Mais la réaction du marché à l’ouverture mardi matin a été un peu nuancée. En effet, Gemalto cotait sous ce niveau, globalement autour des 45€. Une prudence qui s’explique alors que le management de Gemalto ne semblait pas emballé plus que cela face à cette offre non sollicitée. Le conseil d’administration de Gemalto avait jusqu’au 15 décembre (aujourd’hui donc) pour se prononcer. Dans la nuit de mercredi à jeudi, le conseil d’administration de Gemalto a finalement décliné la proposition. Il la juge sous-évaluée. Effectivement, alors que Gemalto cotait encore autour des 90€ en 2014, il y a aux yeux du management une importante marge de revalorisation.
Maintenant, après des profit warning à répétition ces dernières années, la division par trois de sa capitalisation boursière se comprend. Gemalto qualifie au passage d’opportuniste le timing choisit par Atos Origin (en même temps…) pour lancer son OPA. D’après la direction, Gemalto est dans le creux dans la vague et remonte la pente. Après ses avertissements et la mise en place d’un plan de restructuration, le pire pourrait bien être passé. Gemalto doit d’ailleurs présenter son nouveau plan stratégique à trois ans en mars prochain. Les perspectives qui y seront présentées pourraient-elles constituer le catalyseur d’un redressement plus durable ? C’est la position que semble défendre la direction.
Mais surtout, Gemalto doute de la stratégie d’Atos Origin. Il ne la juge pas constructive, et craint que les synergies annoncées par Thierry Breton ne soient pas équitablement réparties entre les deux sociétés. Dit autrement, il craint que les suppressions de postes et autres mesures de réorganisation affectent surtout les équipes de Gemalto. Ce qui peut effectivement s’envisager alors qu’Atos Origin a déjà sa filiale Worldline.
▶ Atos va-t-il relever son offre ?
A quoi s’attendre désormais. Plusieurs options se dégagent.
Atos Origin abandonne tout simplement l’opération. Je n’y crois pas trop étant donné les perspectives qu’offrirait le rachat de Gemalto. Comme le soulignait le courtier Investec, le projet et autres complémentarités avec Worldline (la filiale d’Atos) auraient un effet relutif conséquent dès 2020 (estimé à +25% sur le BPA en 2020).
Atos Origin relève le montant de son offre pour tenter d’assoir le management de Gemalto à la table des négociations. Gemalto évoluant au-dessus des 47€ ce jeudi, c’est ce que le marché semble jouer.
Atos Origin passe d’une offre amicale à hostile, sans passer par la case « management de Gemalto ».
Autre alternative : Gemalto se cherche un chevalier blanc pour contrer le projet d’Atos Origin. Sur ce point, la présence de Bpifrance au capital (donc l’Etat) pourrait dissuader d’autres candidats à se lancer dans la bataille.
▶ +40% sur Gemalto
Dans la Bourse au Quotidien Pro (la version « pro » de cette eletter dans laquelle je conseille une valeur par jour, avec un suivi de toutes nos positions), nous n’avons pas attendu plus longtemps : nous avons vendu GEMALTO dès mardi, encaissant un gain de 41% en 4 jours. Si ce genre de conseils vous intéresse, j’ai une offre à 14 jours gratuits pour essayer mes conseils en ce moment).
Car dans ce genre de situation, il ne faut présager de rien. d’autant que les courtiers avaient des opinions diverses sur le sujet.
Pour ce qui est d’Atos Origin, si l’opération doit capoter, la flambée du titre mardi sur ses plus-hauts annuels (135€) n’aurait alors été qu’un feu de paille.
Une petite parenthèse au passage : dans une déclaration de l’AMF du 16 novembre, Thierry Breton (le P-DG d’Atos Origin) annonçait avoir vendu pour 8 M€ de ses titres Atos autour 126€. Pourquoi ces ventes alors que le projet de rapprochement avec Gemalto était déjà dans le pipe en interne ? N’est-il pas censé être très relutif sur le moyen terme ? Bizarre… Je ne comprends pas bien l’idée…
La Bourse parisienne a encore de nombreuse valeurs OPAbles. Soit parce qu’elles évoluent dans un secteur incontournable dans les années à venir et que d’autres groupes doivent absolument s’y positionner. Soit, comme pour Gemalto, parce que leur capital est très ouvert.
Allez, je vous donne deux pistes, deux idées de valeurs OPAbles : Inside Secure (PA:INSD) et Ingenico (PA:INGC). Mais si vous voulez savoir sur laquelle parier, il faudra nous rejoindre dans BAQ-Pro !