Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Pour la première fois depuis de longs mois, Saint-Gobain (PA:SGOB) surperforme le CAC40. Le titre du producteur, transformateur et distributeur de matériaux s’est en effet adjugé près de 12% à compter du 1er janvier, quand dans le même temps l’indice de référence n’a pris « que » 10,6%.
Il accuse cependant un repli de l’ordre de 28% sur un an, alors que le CAC40 n’a quant à lui cédé qu’un peu moins de 2%, et Saint-Gobain aura fort à faire pour rattraper un tel retard. Quand bien même les comptes annuels, parus la semaine passée, ont révélé une progression du chiffre d’affaires de 4,4% en données organiques à près de 41,8 Mds€, grâce notamment à une bonne dynamique de l’activité de construction (+5,6%)…
En hausse de 4,5% en organique à 3,1 Mds€, le bénéfice opérationnel a quant à lui légèrement dépassé les attentes des analystes, avec une nette accélération au second semestre et une forte contribution des pôles « Aménagement intérieur » et « Matériaux haute performance ». Toutefois, les investisseurs ont surtout retenu le fait que le groupe a procédé à des dépréciations d’actifs à hauteur de 2 Mds€, dont 750 M€ sur sa distribution au Royaume-Uni ou encore 372 M€ pour les magasins Lapeyre en France, ce qui a entraîné une forte baisse du bénéfice net part du groupe à 120 M€, à comparer à 1,57 Mds€ à fin 2017.
Le but est de repartir sur des bases saines et financières solides via d’importantes cessions. Dévoilé en novembre dernier, le programme « Transform and Grow » ne lésine pas sur la question et a consacré la volonté du groupe de se délester de 3 Mds€ de chiffre d’affaires à horizon 2021. Toutes les hypothèses restent sur la table, mais quand vous interrogez les spécialistes de la valeur, nombre d’entre eux tablent sur une cession au Royaume-Uni, ce qui ne sera pas forcément chose aisée alors que l’hypothèse d’un « hard Brexit » reste plausible…
Une valeur trop cyclique
Dans l’immédiat, la situation financière de Saint-Gobain apparaît suffisamment confortable pour ne pas agir dans la précipitation, avec un gearing de seulement 40% et un ratio dette nette/Ebitda inférieur à 2. Quant aux ratios boursiers, il sont résolument attractifs avec un PER de 10, une VE/Ebitda de 6 et un rendement de l’ordre de 4,5%.
Malheureusement, le dossier ne fait plus guère rêver, la valeur étant considérée comme ultra-cyclique. Dans ce contexte, les dernières statistiques macroéconomiques européennes, mais également chinoises et américaines, ne font pas ses affaires…
En fait, pour que l’action remonte fortement – et durablement –, il faudrait que les prochains indicateurs laissent supposer que le ralentissement économique est terminé, avec même un semblant de reprise. Sans toutes ces bonnes nouvelles, j’ai le sentiment qu’elle est condamnée à végéter dans une fourchette comprise entre 30 et 35€, sans véritable potentiel ni catalyseur… A moins qu’un fonds activiste ne vienne, comme dans le cas de Pernod-Ricard (PA:PERP), agiter le chiffon rouge et accentuer la pression sur le management.
Après tout, le flottant atteint quelque 90%, ce qui ouvre la porte à de nombreuses possibilités, y compris capitalistiques. Affaire à suivre…