Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Avec un gain de +1,75%, l’indice Athex de la Bourse d’Athènes achève d’effacer tout le terrain perdu depuis le grand plongeon de début août 2015 – la Bourse d’Athènes avait été fermée pendant 5 semaines. L’Athex aligne 12 séances de hausse consécutives, soit +18% sur ces 12 séances… ce qui porte le gain à +23% depuis le 1er janvier…
L’Athex culmine vers 10h15 ce matin à 797 points : les 800 points ne sont plus qu’une simple formalité, et l’indice devrait aisément retrouver les 850/860 points (zénith de fin mai/début juin 2015) soit encore 8% de potentiel haussier. Quel secteur en profite ? Les bancaires. Elles s’envolent de +40% depuis que le risque d’une nouvelle crise de refinancement semble écarté par les accords passés avec les principaux créanciers du 21 au 23 avril derniers. Probablement aussi des titres survendus en comparaison de leurs comparables européens… Mais alors que la plupart des valeurs du CAC40 ou du DAX30 sont des multinationales, les entreprises cotées à l’Athex sont très exposées à la conjoncture locale. Sauf les armateurs, bien évidemment… mais il suffit de jeter un oeil au BDI (Baltic Dry Index) pour comprendre que cela ne va pas fort pour le fret maritime depuis que la Chine ralentit.
Il ne faut pas se voiler la face. Les 0,4% de croissance du PIB grec revendiqués en 2016 n’ont aucune réalité et résultent de purs artifices comptables (comme les effets stocks). L’investissement reste au point mort, la consommation est toujours déprimée et la Grèce s’enfonce toujours plus profond depuis 8 ans ! Le FMI pointe par ailleurs l’incapacité de l’Etat grec à collecter l’impôt. Ils ont été alourdis de façon spectaculaire mais le taux de recouvrement s’est effondré 70% vers 40%. Comme 50% des Grecs sont trop pauvres pour payer de l’IR, toute la charge repose sur les 50% restants. Et vu le taux de chômage de 23% (à 30% en réel contre 28% il y a 3 ans), nombre d’assujettis n’ont pas les moyens de régler la facture fiscale… Les entreprises en difficulté non plus, faute de clients solvables et de chiffre d’affaires.
La Grèce demeure donc ce cauchemar d’austérité et aucune embellie ne semble possible dans un avenir prévisible. En plus, la Troïka exige 3,5% d’excédents primaires sur la période 2018/2028… alors qu’aucun pays de la zone euro, hormis potentiellement l’Allemagne et le Luxembourg, n’a jamais accompli un tel exploit. Autrement dit, la hausse de l’Athex, c’est le résultat des flux liés aux aides dont bénéficient indirectement les banques pour acheter une dette grecque maintenue à flot artificiellement ! Nouvelle démonstration que le marché n’est plus qu’une mécanique de flux… Donc soyez serein : l’Athex a encore du potentiel sans aucun rapport avec une quelconque embellie économique.