Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Mais pourquoi avoir Macron au 2e tour fait-il prendre 4% aux marchés bon sang ? J’entends partout les intervenants bêler que les marchés manifestent (par une envolée lyrique de +4,5 à +5%) leur soulagement.
Mais de quel soulagement parlent-ils ? Celui de ne pas assister à un duel
Marine/Mélenchon ? Quelle blague !
Les bookmakers ne donnaient pas plus de 6 à 7% de chance qu’un tel scénario se matérialise alors que Macron était donné à 1,1 contre 1 au second tour et, dans ce cas, à 98% comme futur Président ! En réalité, le marché n’est pas soulagé : le marché est « cornérisé » (propulsé dans un corner), c’est à dire l’impossibilité de trouver une contrepartie. A +2,2% peu après minuit, les opérateurs s’abstiennent d’acheter parce que c’est une hausse de fait accompli. Vous connaissez le dicton : en Bourse, on achète la rumeur et on vend la nouvelle. Donc avec +2,2%, il fallait de toute évidence vendre la nouvelle.
Eh bien non !
Avec +5% vers 8h00, ce matin, c’est l’effet de sidération ! Il n’y a plus l’ombre d’un raisonnement qui tienne et ce sont les robots (les moutons) qui se déchaînent. Même les plus bullish des permabulls ne misaient pas sur plus de 2,5 à 3% de gain en cas de présence (valant victoire finale) d’Emmanuel Macron au second tour. A +4 ou +5% par rapport à vendredi, les gestions sont complètement en dehors des clous, la réplication indicielle passive qui écrase tout sur son passage doit payer tout et n’importe quoi, n’importe comment et « à tout prix », dans un marché où la contrepartie est (délibérément) absente. Car l’élection d’Emmanuel Macron va propulser la croissance française à +3,5%, c’est entendu ! Le chômage sera ramené à 6%, la dette italienne va retomber sous la barre des 100%, les Grecs vont redevenir prospères, la malchanceux au jeu vont se remettre à gagner au loto, les malchanceux en amour vont voir revenir l’être aimé… Plus improbable encore : les stratèges affirment qu’en achetant le CAC40 à 5 300 points (5 295 pour être précis) et le Nasdaq à 6 000 (enfin, 5 990 pour l’instant), ceux qui ne détenaient pas d’actions doivent se ruer en bourse car une fortune certaine les y attend.
Réveillez-moi !
Autant de niaiserie et d’aveuglement découlant de la matérialisation d’un pur fantasme politique et économique… il doit d’agir d’un conte pour enfant écrit par le « ravi de la crèche ».