Par Jason Martin
Alors que le Congrès américain reprend le travail après les vacances d’été le 5 septembre, et après le week-end du Labor Day, le spectre d’une potentielle paralysie du gouvernement plane au-dessus du pays. Les investisseurs se demandent quel impact cela pourrait avoir sur les titres.
Contexte
Depuis que la limite de la dette de 19,8 trillions de dollars américains a été atteinte en mars, le gouvernement a recours à « des mesures extraordinaires » pour déplacer des fonds et continuer ses financements en attendant l’atteinte d’un accord. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a suspendu tout octroi de dette en attendant de trouver des fonds.
Dans une lettre adressée aux leaders du Congrés et datée du 28 juillet, Mnuchin informe ses lecteurs qu’il :
« … continue à être incapable d’investir dans le Fonds de retraite pour les employés civils fédéraux et les invalides (le CSRDF), qui ne devrait pas payer ses bénéficiaires dans l’immédiat. »
Mnunchin ajoute que le CSRDF sera entièrement financé, comme le stipule la loi, lorsque la limite de la dette aura augmenté et a expliqué que la suspension d’affecterait pas les retraités fédéraux et les employés. Alors que le gouvernement est officiellement financé à la fin de l’année fiscale le 30 septembre, Mnunchin note que la suspension continuera jusqu’au 29 septembre, soit 12 jours ouvrés après le retour du Congrès.
Ceci étant, le Congressional Budget Office a suggéré que la deadline, connue comme la « date x » pourrait être décalée, estimant que le gouvernement ne manquera pas de fonds avant la mi-octobre.
Dans tous les cas, le Congrès et le président américain Donald Trump font face à la nécessité de revoir le plafond de la dette à la hausse afin de continuer à payer leurs factures. Cette augmentation de la limite est grandement requise pour que le gouvernement puisse emprunter des fonds et payer ses factures puisque la Trésorerie manque de « liquide ».
Effets immédiat d’une paralysie
Si aucun accord n’est atteint, une paralysie du gouvernement aura lieu, résultant en la suspension de tout financement non-urgent y compris les congés payés, la fermeture des parcs nationaux et un retard dans le traitement administratif du gouvernement. Le gouvernement devra également décider qui rémunérer en premier, ce qui signifie que les détenteurs d’obligations pourraient perdre en coupons de paiement, que les bénéficiaires de la sécurité sociale et l’aide sociale ne toucheraient rien et que les entrepreneurs du gouvernement ne seraient pas payés.
« Le mur mexicain » se joint au débat
De récentes remarques faites par le président Trump, insistant que le financement du mur promis à la frontière mexicaine devrait être inclus, ont alimenté l’inquiétude du marché sur la possibilité d’une paralysie. « Si nous devons geler le gouvernement pour construire le mur, nous le ferons, » indiquait Trump lors d’un rallye à Phoenix, Arizona le 22 aout. « Nous auront notre mur », assure-t-il.
Le 25 aout, le secrétaire au Trésor Mnunchin a tenté d’apaiser l’inquiétude face à une potentielle paralysie. « J’ai discuté avec les leaders des deux côtés, dans la Chambre et le Sénat, et nous sommes sur la même longueur d’ondes, » indique-t-il. « Le gouvernement payera ses dette et le plafond de la dette sera élevé, » insiste Mnunchin.
En revanche, la situation s’est compliquée après les importants dégâts subis suite à la tempête Harvey.
Mnunchin a indiqué le 31 aout que la tempête pourrait faire avancer la deadline à laquelle le plafond de la dette doit être élevé tout en ajoutant que les projections de la « date x » pourraient changer après la réception des impôts le 15 septembre.
Au cours d’une conférence de presse le 28 aout, en réponse à la question « Pourquoi serait-il nécessaire de paralyser le gouvernement afin de financer le mur à la frontière mexicaine alors que c’est Mexico qui devrait payer ? » comme l’a plusieurs fois assuré Trump, le président a répondu, « J’espère que ça ne sera pas nécessaire. Si ça l’est, nous verrons, mais j’espère que ça ne sera pas nécessaire. »
La Chambre et le Sénat, tous deux contrôlés par le parti républicain, devrait éviter la paralysie en rédigeant une autorisation provisoire de dépense, qui permettrait des financements provisoire et éviterait d’éventuels conflits quant au budget du mur de Trump.
En revanche, la signature du président est nécessaire pour implanter une telle mesure, et c’est pour cette raison que ses derniers commentaires ont capté l’attention des marchés.
Les marchés restent calmes
Les marchés parient actuellement sur la probabilité que le gouvernement atteigne le point de rupture en laissant la « date x » expirer sans l’atteinte de résolution. Le besoin d’un financement supplémentaire pour les dégâts causés par la tempête Harvey ajoute de la pression politique sur les deux partis pour l’atteinte d’un accord sur le plafond de la dette.
Pour le moment, le dilemme 2011 – lorsque le Congrès n’a pu augmenter le plafond de la dette américaine, entrainant ainsi la révision de la note de la dette américaine par Standard & Poor’s, un triple-A que le pays détenait depuis 70 ans – semble être le parallèle le plus adapté à la situation.
Rappelons qu’en 2011, l’inquiétude avait conduit le S&P 500 à perdre 1.075 points en octobre de cette année, soit une baisse de 20% depuis le début de juillet.
Depuis le début de juillet cette année, le benchmark progresse de plus de 1%.
Autre signe de calme, l’indice de volatilité VIX connu comme une mesure de la peur, est à environ 10 points, par rapport à 34 il y a six ans et 46 en octobre 2011.
Bien entendu, la volatilité progressera probablement entre aujourd’hui et la « date x » et les investisseurs deviendront nerveux si aucun accord n’est passé.
Historiquement, il n’y a pas de raison de paniquer
En revanche, historiquement, les paralysie de gouvernement ne durent pas longtemps et n’ont que peu d’impact majeur sur les titres.
Ci-dessous un tableau de LPL Research qui montre que S&P n’a donné de retour négatif que la moitié des fois où Washington a été paralysé, et ces perturbations n’ont duré au pire que 21 jours.
De plus, le retour moyen au cours des 18 derniers cas a résulté en seulement 0.6% de pertes pour les titres américains.
Mieux encore, au cours de la dernière paralysie en 2013, le S&P a progressé de 3.1% entre la date de clôture du gouvernement et la réouverture des portes.
D’ici la « date x », les medias ne cesseront probablement pas de mettre en garde contre une paralysie du gouvernement, et les investisseurs pourront observer les marchés ajuster leurs positions tandis que les politiciens se chamailleront jusqu’à la 11e heure.
L’inquiétude semble être rationnelle dans ces moments, mais l’historique que nous avons consulté ne nous procure pas de raisons de paniquer.