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De quoi Wall Street a-t-il peur en réalité ?

Publié le 20/02/2018 11:02
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Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Le risque a fait son grand retour, à tel point qu’il nous est apparu indispensable d’envisager, le 09 février, une couverture (et peut-être même une stratégie plus offensive) au cas où le CAC40 s’enfoncerait sous la zone des 5050/5100 points. Cela ne s’est pas produit et la baisse a été stoppée par cette zone support justement. Du coup, le stop achat que nous avions programmé sur le BX4 à 5,40 € (plus-haut à 5,35 €) ne s’est pas déclenché… et montre la précision et la pertinence de nos seuils d’intervention. (Retrouvez et suivez tous les conseils de Philippe et de Gilles Leclerc dans la lettre Béchade Confidentiel.)

Mais il faut reconnaître que la situation aurait pu échapper au contrôle des sherpas pour des tas de raisons que nous ne saurions hiérarchiser sans recourir à un peu d’arbitraire – et nous restons persuadés que le facteur géopolitique finira par devenir un catalyseur des marchés.

Wall Street n’est pas encore de cet avis et ne classe ce « risque » qu’en 4e position (malgré le face à face Erdogan/Trump au Kurdistan, les raids israéliens contre le Hezbollah en Syrie, le Yémen, les tensions en Mer de Chine, et tout ce que nous avions décrit dans notre lettre de fin janvier).

Voici donc un classement des craintes de Wall Street :

en N°1 : désormais la crainte de l’inflation et d’un krach obligataire ;

en N°2 : une erreur de stratégie ou de communication d’une banque centrale (Fed ou BCE) ;

en N°3 : un problème systémique (et une volatilité au niveau artificiel en fait partie) ;

en N°4 : des tensions géopolitiques (elles crèvent les yeux mais les marchés ne les voient pas) ;

en N°5 : la dette chinoise (après 450 Mds$ d’injection rien qu’en janvier 2018, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?) ;

en N°6 : tiens encore la Chine, mais sous l’angle « risque de guerre commerciale et douanière » ;

en N°7 : tiens, encore la Chine d’une certaine manière avec la thématique « bulle des technos » car elles ont atteint des sommets de valorisation à Shanghai et à Shenzhen (qui n’ont cependant rien à envier aux multiples du Nasdaq…) Or si ça plonge là-bas, les GAFA suivront.

La grande peur de l’inflation s’est un peu dissipée le jour de la Saint-Valentin, un jour endeuillé par de nouvelles fusillades mortelles en Floride… mais auxquelles Wall Street n’a pas accordé beaucoup d’attention. Nous étions d’avis dès le début de la semaine que le « mercredi de tous les dangers », avec la publication du CPI américain, relevait du narratif, d’une mise en condition pour engendrer de la volatilité là où elle n’avait peut-être pas lieu d’être, après un relatif gel des initiatives durant 48h. Et les algos ont réagi au quart de tour sur le chiffre brut d’inflation de +0,5%… alors que la composante décisive, c’était la modération de l’inflation salariale de seulement 0,8% sur 12 mois.

Il a fallu moins d’une heure aux opérateurs dotés d’un cerveau pour réaliser que le spectre de l’inflation avait fait couler beaucoup d’encre mais pas beaucoup bouger les prix sauf ceux de l’assurance-auto et de la santé, ce qui ne doit rien à un dérapage salarial mais risque d’amputer le pouvoir d’achat des ménages : c’est peut-être déjà le cas si l’on en croit la chute des ventes de détail de -0,3% en janvier. Alors au soir du 14 février, le Nasdaq prenait +2% tandis que le rendement du T-Bond de référence (le 10 ans) pulvérisait ses pires niveaux annuels, à 2,92%.

Une fois de plus, les actions se retrouvent « à l’envers » par rapport au marché obligataire. Habituellement les rendements obligataires montent quand les actions chutent. Là, les deux marchés évoluent dans le même sens (la hausse) : c’est la réédition du scénario paradoxal qui nous a tenus en haleine tout l’automne. Comment les indices boursiers parviennent-ils à grimper alors que la « prime de risque » se dégrade inexorablement ?

Et nous sommes de nouveau ébahis de voir les VIX se détendre de -23% (sous le seuil des 20), le jour même où le rendement des OAT franchit la barre des 1% et celui des T-Bonds, le cap des 2,95%. Ceci crée une situation (un effet de ciseaux) explosive qui invite à profiter de tout rebond technique pour prendre des bénéfices, réduire les levier (la notion cardinale qui sera développée dans notre prochaine stratégie), orienter vos investissements dans du tangible, dans du pur concret (or physique, métaux précieux, matières premières) et miser sur le rebond de la volatilité, donc sur plus de creux pour se positionner.

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