Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
L’attaque baissière d’avant-hier en a surpris plus d’un et alors que Wall Street était encore perché sur ses sommets avant la décision de la FED, la question d’une correction s’est posée. C’est en ce qui me concerne le scénario que je privilégie pour ce mois d’août, ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la BCE a déçu jeudi dernier, or on sait que, plus que jamais, les banques centrales sont l’un des gros « drivers » (sinon LE) du marché. Pour rappel, le futur ex-président de la BCE Mario Draghi a soufflé le chaud et le froid lors de sa dernière sortie, et comme le résumait parfaitement mon confrère Philippe Béchade dans ces colonnes jeudi dernier, les propos originellement accommodants autour d’un « plan » n’ont semble-t-il pas débouché sur un accord du conseil dans l’immédiat. Ni une baisse de taux, ni même les modalités d’un nouveau « quantitative easing » n’ont manifestement été évoquées.
De quoi se demander a posteriori comment et pourquoi Mario Draghi avait pu promettre autant à Sintra, alors même qu’aucun consensus n’existait au sein du conseil (ni même visiblement aucune discussion entre ses membres) ?
Sans rentrer dans certaines digressions hors de propos, j’ai surtout retenu que le CAC40 n’avait guère apprécié, ayant très vite réintégré son « range » après un bref emballement vers les 5 700 points.
Dans le jargon technique, voilà ce que l’on appelle un « bull trap » (piège à la hausse) en bonne et due forme. En gros, on croit qu’une hausse sort de la « boîte » et puis, patatras, les marchés repartent en sens inverse.
Ce type d’attaque baissière, surtout quand elle se produit sur des tops, a néanmoins le mérite de placer les indicateurs techniques en situation de divergence baissière. Avec ici un nouveau sommet atteint sur le sous-jacent (le CAC40 en l’occurrence), mais sans que les indicateurs ne suivent (ceux-ci s’inscrivent sur des sommets décroissants).
Or, statistiquement, il s’agit là d’un signal qui ne trompe pas et nous en avons encore eu la preuve avec un retour assez brutal de l’indice phare de la Bourse de Paris sur les 5 500 points avant-hier.
Un cocktail explosif
Faut-il voir les prémisses d’une correction plus marquée ? Et si oui, jusqu’où et avec quels corollaires ? Sur le graphique ci-après, on distingue bien l’importance de la résistance récemment testée sur le CAC GR (qui intègre les dividendes), résistance visible en bleu clair (+les flèches rouges).
Vu l’échec de son franchissement (le cercle noir), j’envisage de conserver le solde des Put CAC, lesquels viennent de rapporter 26% de gains cumulés dans la rechute de mardi à mes abonnés à SMS Cash Alert (si vous voulez vous aussi jouer la baisse des marchés, avec la perspective de gains substantiels, cliquez ici).
En attendant la prochaine réunion de la BCE à la rentrée, c’est à un jeu d’équilibriste auquel les opérateurs vont probablement être confrontés.
Une croissance atone ou en très net ralentissement dans la zone euro (cf. les derniers indicateurs de conjoncture que mon collègue Philippe commentait ici, là et encore là fin juillet) ne constitue pas a priori le meilleur des environnements pour voir les Bourses progresser.
Toutefois, on le sait, plus les indicateurs macroéconomiques déçoivent, plus les banques centrales sont incitées à agir… Sauf que c’est justement là où cela pourrait coincer ce mois-ci.
Au vu de la dernière réunion de la BCE, il n’y a pas eu de discussions concrètes autour d’un plan d’action. Et si la banque centrale va probablement finir par sortir l’artillerie lourde à la rentrée, surtout si les statistiques continuent à se dégrader), la volatilité risque de ne pas épargner le marché d’ici là.
Ajoutez à cela des discussions commerciales sino-américaines qui s’enlisent, des marchés américains sur leurs sommets historiques, le tout avec des volumes en baisse constante (période estivale oblige), et vous avez tous les ingrédients d’un cocktail potentiellement détonnant…