Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Leader mondial du luxe, LVMH (PA:LVMH) a brièvement perdu son rang de première capitalisation du CAC40 au profit de Total (PA:TOTF) et l’a récupéré d’une courte tête ce mardi matin (125,67 Mds€ peu après l’ouverture, 125,5 Mds€ pour le géant pétrolier).
Rien d’inquiétant certes, mais on a tout de même le sentiment que, d’une manière générale, les investisseurs restent en dehors du luxe actuellement. Un parti-pris compréhensible au regard du ralentissement économique chinois, des incertitudes autour d’une possible récession américaine en 2020 et des inquiétudes budgétaires concernant l’Italie, mais aussi la France, qui sont autant de facteurs plutôt dissuasifs.
Après un début d’année exceptionnel, le luxe marque nettement le pas et les gérants avec lesquels je me suis entretenu à ce sujet ne le citent même plus comme un secteur défensif à jouer pour 2019. Oubliées le pricing power et la montée en puissance des classes moyennes dans les pays émergents (en Chine malgré tout, mais aussi en Inde et au Brésil), place aux interrogations et aux incertitudes !
Un newsflow et une stratégie de qualité
Une situation d’autant plus regrettable pour LVMH que le newsflow est plutôt bon… Sans remonter aux semestriels, la dernière publication trimestrielle a ainsi été de grande qualité, avec une croissance organique de 10% en glissement annuel au titre de la période juin-septembre. Dans le détail, la division « Mode-maroquinerie », c’est-à-dire les marques Dior ou encore Louis Vuitton, a vu ses ventes croître de 14% en organique, tandis que celles issues de la branche « Parfums et cosmétiques » ont augmenté de 11%…
De surcroît, la stratégie de croissance externe tient la route. Prenons par exemple l’hôtellerie, secteur en pleine mutation avec la montée en puissance des Airbnb et autres Booking. Désireux de ne pas déroger à son image de groupe de luxe et restant focalisé sur l’hôtellerie de prestige, LVMH a annoncé la semaine dernière l’acquisition du groupe hôtelier britannique Belmond pour la coquette somme de 3,2 Mds$.
Pour les non-initiés, Belmond est un hôtelier de luxe propriétaire notamment du Copacabana Palace, dans la sublime baie de Rio de Janeiro, et du Cipriani à Venise. L’intégration du groupe britannique ne devrait pas poser de problème, considérant que LVMH possède déjà son pôle hôtelier sous la marque Cheval Blanc.
C’est à Courchevel il y a maintenant près de treize ans qu’est née la première Maison Cheval Blanc, un établissement de 36 chambres. Mais si vous préférez la mer, vous pouvez aussi jeter votre dévolu sur la Maison Cheval Blanc de Saint-Barthélémy, dans les Antilles… Pour une réservation dans un bungalow jardin avec terrasse privée début janvier, il vous en coûtera toutefois la bagatelle de 2460€ la nuit. Pas facile pour toutes les bourses…
Trêve de digressions, il est désormais permis de se demander quel serait le catalyseur susceptible d’aider l’action à repartir de l’avant. Dans l’immédiat, le titre a reculé de 13,5% sur trois mois alors que le CAC40 a, lui, perdu 11,2%. Une contre-performance donc, même si l’action LVMH a fait nettement mieux que l’indice phare depuis le début de l’année (+1,4%, à comparer à un repli de 10,3% du CAC40).
Il me semble que le rebond n’est pas loin, mais peut-être faudra-t-il attendre un retour du titre sur des niveaux de 240€. Pour l’heure, je précise tout de même que les ratios de valorisation restent assez modérés pour le secteur, avec par exemple un PER de 17 aux cours actuels…