Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Alors que la conférence « Consensus 2018 », organisée par CoinDesk et consacrée aux cryptomonnaies et à la blockchain, a ouvert ses portes hier à New York, le cours du bitcoin est à la peine depuis une semaine. A quelques encablures des 10 000$ en début de mois, la plus célèbre des cryptos a, depuis, fait preuve d’un regain de faiblesse.
BTC, plombé sous les 10 000$
Les déclarations de quelques grands noms de la finance n’ont pas aidé : Warren Buffett a qualifié le bitcoin de « mort-aux-rats » (sic), et Bill Gates a déclaré que le bitcoin « n’avait pas de valeur ». De quoi plomber les cours, vous en conviendrez. De même, le bitcoin a encore été éclaboussé par une nouvelle affaire de piratage/fraude (autour, cette fois, d’une des plus célèbres plateformes d’échanges sud-coréenne, Upbit) et Nvidia (NVDA-Nasdaq), qui est LE fournisseur mondial de processeurs graphiques ultra-performants utilisés dans le minage des coins, a dévoilé des perspectives très prudentes.
Le géant américain s’attend en effet à une baisse de deux tiers de ses ventes liées au minage de cryptomonnaies ce trimestre. Attardons-nous d’ailleurs sur ce troisième aspect.
Fin de l’âge d’or pour Nvidia ?
Les concepteurs de cartes graphiques que sont Nvidia et AMD ont profité du boom du minage des cryptos ces derniers mois. Mais, comme AMD avant lui, Nvidia se montre désormais prudent. En cause, l’arrivée d’un concurrent de taille sur ce segment : Bitmain, un fabricant chinois de puces Asic qui va se positionner sur l’Ethereum, l’une des principales cryptos.
Pour rappel, le GPU (pour « Graphics Processing Unit ») est un circuit intégré présent sur les cartes graphiques. Jusqu’à présent, l’algorithme d’extraction d’Ethereum était résistant aux Asic et n’était déchiffrable que par cartes graphiques (par l’intermédiaire d’un processeur graphique traditionnel de type « GPU »), mais l’arrivée de puces compatibles Asic, notamment avec l’algorithme Ethash (le nom de l’algorithme utilisé pour miner notamment sur la blockchain Ethereum), pose désormais un risque clair pour AMD et Nvidia.
Les Asic sont en effet nettement plus puissantes et surtout spécialement conçues pour le minage de cryptomonnaies, donc mieux adaptées à celles-ci, à la différence des GPU qui visaient initialement aussi – et surtout – les joueurs de jeux vidéo.
Bref, un newsflow plus mitigé.
Conséquence : le bitcoin n’a pas validé le passage des 10 000$.
Le bitcoin ne passe pas le test des 10 000$
Regardez le graphique suivant : on voit bien que le cours de BTC évoluait dans un canal haussier depuis son point bas de début avril. Eh bien, raté : il est sorti par le bas de ce canal.
Graphiquement, nous sommes désormais un peu entre deux eaux. Globalement, le BTC évolue entre le support des 6 000$, testé avec succès le mois dernier (et les 10 000$ en résistance à la hausse. Certes, c’est un écart de grande amplitude, mais pour pouvoir retrouver les 12 000 / 13 000$, il faut déjà s’affranchir du test des 10 000$.
Certains experts sont résolument optimistes et pensent même que revoir les plus hauts de la fin 2017 (on se rappelle que le bitcoin avait touché les 20 000$) ne constituera qu’une simple étape. On citera ici le cabinet de conseil Fundstrat, qui voit le bitcoin franchir ses sommets de la fin 2017 et potentiellement atteindre les 64 000$ d’ici fin 2019, estimant que les principaux « vendeurs naturels » de bitcoins sont les mineurs eux-mêmes et qu’ils sont donc moins enclins à vendre quand le cours est faible. (Nous avons aussi notre expert, James Altucher, qui est plus que confiant sur le bitcoin… mais notamment sur cette autre crypto, qu’il voit exploser à la hausse pour rattraper son retard. Je vous laisse découvrir de quelle crypto il s’agit).
Cela se tient, mais comme dans tout marché, je pense qu’il ne faut pas occulter le revers de la médaille. En effet, ces mêmes mineurs pourraient bien avoir une certaine « pression psychologique » si les cours venaient à enfoncer leurs plus bas annuels sous la pression de « grosses mains » : que ce soit pour les actions, le Forex, les obligations ou les cryptos, la logique reste la même. Si vous êtes mineur et que vous avez sorti du bitcoin alors que le cours valait 10 000$, vous le conservez en ayant en tête un retour sur les plus hauts de 2017 autour de 20 000$. Sauf que vous le voyez ensuite tomber à 8 000$, puis à 6 000$ avant qu’il ne plonge à 4 000$…
Vous avez des sueurs froides et vous commencer à compter vos billes perdues… et à envisager de vendre avant que le bitcoin ne retombe à zéro (qui sait ?) Pour Fundstrat, non. Personnellement, à moins que les mineurs ne soient pas avant tout des hommes et n’aient aucun coûts fixes dans leur activité, j’en suis moins convaincu. Ce type de raisonnement n’est même à mon avis pas si éloigné que cela de ce qui prévalait sur la plupart des valeurs Internet au début des années 2000…