Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Il existe actuellement un étonnant paradoxe sur les marchés financiers. En effet, alors que le secteur de l’informatique est en situation de quasi-plein emploi avec la digitalisation de l’économie, la montée en puissance de l’Internet des objets (IoT) et l’essor de l’Intelligence artificielle (IA), les valeurs du secteur sont dans la tourmente, indépendamment d’ailleurs de leurs résultats…
L’exemple de Groupe Open est à cet égard révélateur. Le premier semestre n’a certes pas été exceptionnel, avec par exemple une hausse modeste du chiffre d’affaires en organique (+5% à 165 M€), mais il n’a pas non plus été médiocre, comme en témoigne l’augmentation de 4,3% du bénéfice opérationnel courant à 12,1 M€, soit une marge opérationnelle de 7,3%.
Les perspectives ont de surcroît été réitérées, aussi la société continue-t-elle de viser une croissance de son activité assortie d’une marge opérationnelle de 10% à horizon 2020.
En fait, les investisseurs n’ont manifestement retenu qu’une seule chose : une forte tension sur les ressources, ce qui suppose des difficultés pour recruter, avec de possibles tensions salariales.
▶ Groupe Open et Aubay ont été lourdement sanctionnés
Depuis cette publication, l’action a quoi qu’il en soit abandonné plus de 20%, renouant ce faisant avec des ratios de valorisation assez faibles, avec par exemple une VE/ROC de 7. D’une manière générale, il me semble en fait que les gérants, outre la désaffection du moment pour le compartiment des petites et des moyennes capitalisations, ne veulent plus d’entreprise de services du numérique (ESN) en portefeuille et s’attendent à un tassement des marges en raison de ce(s) problème(s) de recrutement. Inférieures aux anticipations des analystes, les prévisions annuelles d’Accenture (NYSE:ACN) ont également semé le trouble.
Le cas d’Aubay est plus déroutant encore. Le groupe reste en effet sur des comptes semestriels de grande qualité, avec une progression de 8,9% des revenus en organique à 197,3 M€ et une hausse de la marge opérationnelle de 0,5 point à 8,8%. Les prévisions annuelles ont même été relevées, avec une croissance organique désormais attendue entre 7 et 9%, contre une précédente fourchette allant de 5 à 7%, mais le titre a reculé de plus de 10% depuis cette date !
Soit, l’action n’est pas donnée avec un PER de 18 ou encore une VE/ROC de 12, mais je ne pense vraiment pas que cette publication méritait un tel sort…
Il faudrait un électrochoc pour que le secteur remonte la pente, avec pourquoi pas un retour de la thématique des fusions-acquisitions. Toutefois, étant donné les egos des présidents, de telles opérations paraissent très hypothétiques, d’autant que 1+1 n’est jamais égal à 2 dans ce secteur. Il faut sans doute prendre son mal en patience et laisser passer cette purge, car fondamentalement je demeure persuadé que le secteur a encore de beaux jours devant lui.