Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La campagne de Donald Trump tourne au fiasco, avec un premier meeting depuis le « Grand Confinement » dans un stade couvert à moitié vide à Tulsa (Oklahoma). Qu’à cela ne tienne : le président américain s’est vanté d’avoir enregistré plus de 800 000 pré-réservations pour ce rendez-vous manqué, alors que le stade couvert de Tulsa ne pouvait en accueillir que… 20 000.
Et d’accuser les chaînes de télévision d’avoir surmédiatisé les quelques rassemblements d’opposants hostiles à sa venue, ce qui de son point de vue aurait dissuadé ses supporteurs les plus timorés de faire le déplacement. Plus original, le président-candidat a également dénoncé les manigances des amateurs de pop sud-coréenne et les « Black Lives Matter » qui auraient saturé le système de réservations afin d’engloutir jusqu’à la moitié des places réservées par les vrais électeurs républicains.
Un chiffre a par ailleurs suscité le courroux de Donald Trump : ce premier meeting de sortie de crise du Covid-19, moins d’un mois après la mort de George Floyd, n‘a rassemblé qu’à peine 6 millions de téléspectateurs sur les différentes chaînes qui couvraient l’événement (moins de 2% d’audience). Et à part Fox News qui a soigné les cadrages afin de ne pas montrer le premier balcon du stade, vide à 90%, les autres médias plus « objectifs » ou pro-démocrates se sont attardés sur les travées vides de l’arène.
Au niveau politique, les observateurs ont relevé l’absence totale d’évocation de « l’unité nationale » durant 1H40 de speech, tout comme celle de toute référence à George Floyd, comme s’il ne s’était rien passé à travers le pays et comme si aucune fracture citoyenne sur la question des violences policières et du racisme ne nécessitait d’être réduite. Le locataire de la Maison Blanche s’est au contraire évertué à rassurer ses soutiens les plus radicaux en assurant qu’il n’était pas question de déboulonner les statues des héros du camp des confédérés – pro-esclavage – dans le sud du pays, où le racisme sévit encore de façon endémique.
Tout sauf rassembleur, Donald Trump n’a manifestement pas pris de hauteur par rapport aux récents événements et l’un de ses principaux arguments a consisté à dire que si son adversaire Joe Biden avait été aux manettes, cela aurait été pire. Il ne s’est pas non plus étendu sur la gestion de la crise du coronavirus, et encore moins sur le violent rebond des cas de contaminations en Floride, en Caroline du Nord et au Texas.
Le président a préféré réaffirmer sa prédiction d‘un scénario de reprise économique en « V », une croyance qui semble partagée par Wall Street, dont les niveaux record (sur le Nasdaq) prouveraient l’anticipation d’un avenir radieux.
Un rebond inquiétant
Le rally haussier des 4 semaines en amont de la séance des « 4 sorcières » de ce vendredi 19 juin était surtout le fruit du dopant monétaire déversé par la FED (3 600Mds$ en à peine trois mois, autant que de 2009 à 2014), sans parler des « manœuvres algorithmiques » et de la succession de fausses bonnes nouvelles (tombant chaque lundi) concernant des remèdes au Covid-19.
Autant d’annonces bidon qui ont systématiquement fait grimper Wall Street de 2 à 3% en intraday sur du vent… Une bien piètre couverture de manipulations indicielles à répétition par des initiés avec la complicité des médias faisant mine de s’extasier sur des « pistes prometteuses », des promesses (fallacieuses) d’extinction imminente de la pandémie.
Sauf que la réalité est toute autre, avec une pandémie qui enregistre un « rebond » alarmant non seulement dans une bonne demi-douzaine d’Etats américains, mais également dans certaines villes allemandes avec un taux de contamination de 2,8 alors que le ratio était constamment inférieur au taux d’expansion de 1 depuis début mai.
Avec une rechute de Wall Street qui semble inexorable, c’est l’un des derniers piliers sur lesquels pouvait s’appuyer Donald Trump (se revendiquant comme l’architecte d’un « futur de croissance rugissante ») qui s’effondre car les médias financiers et les investisseurs ne vont probablement pas tarder à lui reprocher d’avoir confondu vitesse et précipitation, d’avoir ignoré les mises en garde des experts en épidémiologie et donc d’avoir mis inutilement en danger la vie de ses compatriotes.
Gageons maintenant que nombre d’entre eux n’attendront pas des recommandations officielles (souvent trop tardives) pour se reconfiner, avec le plein soutien d’une écrasante majorité de chefs d’entreprises qui craignent plus que tout l’accusation d’avoir causé des morts pour gagner un peu plus d’argent… ou en perdre moins pour échapper à un sort funeste.
Ce qui est absurde puisque la FED est là et garantit qu’aucune entreprise cotée ne devra mettre la clef sous la porte.
Au bout du compte, ce sont donc bien les chances de réélection de Trump qui sont en train de faire faillite…