Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Après avoir frappé les Philippines avec une violence inouïe et fait au moins 60 morts et plus de 220 blessés (selon un bilan encore provisoire), le typhon Mangkhut s’est encore renforcé ce week-end et frappe de plein fouet les côtes chinoises de la province industrielle du Guangdong, en commençant par Hong Kong, où des rafales de plus de 240 km/h ont été mesurées sur les hauteurs de la ville (les médias locaux le qualifient de « super-typhon »).
Les dégâts sont énormes, des dizaines de milliers de vitres ont volé en éclats dans les gratte-ciels de la baie, et des milliers d’appartements et de bureaux sont dévastés. En conséquence, la note pour les compagnies d’assurances hong-kongaises va être salée, sans compter le coût des inondations…
En ce qui concerne la Chine continentale, l’activité portuaire de la toute la région Sud-Est est désormais complètement désorganisée, les industries locales à l’arrêt, et Macao, la capitale chinoise des loisirs et du jeu, a également été touchée. Les 42 casinos ont en effet dû être fermés durant 48 heures pour raisons de sécurité, ce qui implique un manque à gagner difficile à combler.
Mais c’est en fait l’Empire du Milieu dans son ensemble qui risque d’accuser un ralentissement de son activité, ce qui pourrait sortir temporairement la croissance de sa trajectoire à +6,5%. Pékin pourrait néanmoins trouver là un prétexte pour accélérer encore ses injections monétaires, lesquelles atteignent déjà sous leurs diverses formes – car il ne s’agit pas d’un « quantitative easing » classique – l’équivalent de 150 Mds$ par mois depuis février dernier, ou de +20% de PIB en année pleine, soit 3 yuans imprimés pour 1 yuan d’activité supplémentaire.
▶ Apple (NASDAQ:AAPL) pourrait faire les frais de la riposte chinoise
La sortie de route semble assurée en cas de déclenchement des sanctions douanières américaines, ce qui semble la tendance puisque Washington a proféré de nouvelles menaces ce week-end malgré l’avertissement réitéré que la Chine ne négocierait pas sous la contrainte. De quoi sans doute faire capoter le round de négociations que la Maison-Blanche semblait pourtant appeler de ses vœux depuis mercredi dernier.
Que signifient ces signaux contradictoires, cette sorte de douche écossaise « made in Washington » ? Quelles tractations secrètes ont bien pu échouer ? S’agit-il d’un « coup de pression » lié au dossier nord-coréen ?
Le résultat risque quoi qu’il en soit d’être le blocage par Pékin de l’approvisionnement d’entreprises américaines en composants électroniques, et la première d’entre elles pourrait être de façon très emblématique – et avec un impact médiatique garanti – le géant Apple (US0378331005-AAPL), qui vient de dévoiler ses (très chers) nouveaux modèles. L’industrie automobile américaine pourrait cependant aussi en faire les frais.
En attendant, le typhon Mangkhut va forcément perturber les exportations chinoises vers les Etats-Unis et Pékin semble prêt à faire le choix de perturbations plus politiques que climatiques.
Un choix qui risque fort de peser lourd sur la croissance mondiale.