Les médias se sont penchés sur l’importance sans précédent des critiques virulentes du président Trump sur la politique de la Réserve Fédérale. Il est vrai que la plupart des actions de Trump marquent une différence sensible par rapport à ses prédécesseurs.
Pourtant, il persiste. Lundi, à la veille du début de la réunion politique de la Fed, il a tweeté:
"Il est incroyable qu'avec un dollar très fort et pratiquement aucune inflation, et alors que le monde extérieur explose autour de nous, avec Paris en feu et la Chine en chute libre, la Fed envisage même une nouvelle hausse des taux d'intérêt."
La semaine dernière, il avait déclaré que la Fed était "folle" de continuer à relever les taux alors que l'économie est en train de pâlir et que l’inflation stagne.
Cette critique forte et constante place la Fed dans une position délicate, et sans précédent. Elle ne peut plus renoncer à une {{frl || hausse de taux d'intérêt}} lors de la réunion, même si la banque centrale le jugeait préférable, car on aurait alors l'impression que Trump a forcé les décideurs de la Fed à se soumettre.
Ainsi, la Fed, à l'instar de la Banque centrale européenne la semaine dernière, doit procéder à un resserrement des mesures en raison de la politique d'indépendance de la banque centrale et malgré les données économiques suggérant une pause.
Le président de la Fed, Jérôme Powell, a déjà déclaré que les orientations futures deviendraient plus provisoires, mais ceci sera difficile à croire pour les investisseurs. Les décideurs politiques de la Fed ont toujours prétendu que les décisions dépendaient des données, mais ils s'en sont au final tenus à leur agenda, quelles que soient les données. L’inflation est restée obstinément basse, mais les taux ont été tout de même augmentés.
La mise à jour des anticipations de hausses de taux de la Fed pour 2019 qui sera publiée demain devrait tutefois indiquer que le rythme des augmentations de l’année prochaine diminuera, passant de deux ou trois hausses lors des précédentes prévisions à seulement une ou deux.
Le président de la BCE, Mario Draghi, a réussi à admettre un ralentissement de la dynamique économique tout en exprimant suffisamment de confiance en la croissance pour poursuivre le resserrement, en mettant fin aux achats d'actifs de la BCE.
Cependant, la tâche sera plus difficile pour Powell car la Fed a rapidement resserré la politique monétaire. Non seulement elle augmente réellement les taux, mais elle réduit les autres soutiens monétaires en réduisant par exemple leurs avoirs réels en obligations à un taux de 50 milliards de dollars par mois.
Powell a déclaré que la Fed continuerait à réduire ses avoirs en obligations jusqu'à ce que son bilan atteigne environ 2,5 billions de dollars, en baisse par rapport à son niveau actuel de 4,14 milliards de dollars. Mais les analystes prévoient maintenant que la Fed mettra au moins en pause ce processus de resserrement aux alentours de 3 800 milliards de dollars, à la mi-2019.
Donc, Powell aura une lourde tâche quand il montera sur le podium de la conférence de presse de mercredi. Il devra rendre plausible la hausse des taux d’intérêt malgré les critiques de Trump, reconnaître le ralentissement de l’économie, tout en exprimant sa confiance en elle et minimiser les prévisions, tout en fournissant de nouvelles indications quant au ralentissement de la hausse des taux d’intérêt.