Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Laminée par la crise du Covid-19 et les mesures restrictives qui en découlent, GL Events vit une année boursière et financière cauchemardesque. Le terrain est plus que glissant, avertit Eric Lewin…
Si vous êtes à la tête d’une entreprise du secteur du tourisme ou de la restauration, vous avez sans doute des sueurs froides, sans doute davantage encore depuis l’annonce avant-hier par Emmanuel Macron d’un couvre-feu d’au moins quatre semaines dans huit des plus grandes agglomérations françaises de 21 heures à 6 heures du matin. Et si vous dirigez une société de l’événementiel, vous faites sûrement des nuits blanches…
Les grandes manifestations sont en effet annulées les unes après les autres, à l’image du sacro-saint Salon de l’Agriculture, qui voit défiler toute la classe politique et dont l’édition 2021 n’aura pas lieu (du moins son format habituel).
Petits et grands acteurs du secteur sont en pleine tourmente, à l’image de GL Events, dont l’action a déjà perdu 70% depuis le début de l’année et risque fort de poursuivre sa chute. La période actuelle est terrible pour le groupe, qui a vu sa capitalisation boursière dégringoler sur des niveaux de l’ordre de 210 M€ et son chiffre d’affaires des neufs premiers mois de l’exercice chuter de 56,8% à 367,3 M€, d’où une prévision de revenus annuels ramenée de 600 à 500 M€, soit plus de deux fois moins que le niveau de l’exercice 2019 (1,2 Md€).
Plus grave encore, la perte annuelle devrait s’établir non pas à 50, mais plutôt à 65 M€…
Dans le brouillard
La situation est très difficile pour le groupe en France, attendu que le marché domestique pèse à lui seul la moitié de ses ventes, mais aussi en Amérique Latine, lui qui est très implanté au Brésil, pays parmi les plus touchés du monde par la pandémie de coronavirus.
Bref, c’est peu dire que l’horizon de GL Events est aujourd’hui très sombre, même s’il dispose encore d’une trésorerie nette de l’ordre de 250 M€ qui lui procure une certaine marge de manœuvre avant d’envisager une recapitalisation qui serait du plus mauvais effet auprès des investisseurs.
Reste maintenant à se demander comment considérer ce dossier complexe et cette action revenue à son plus bas niveau depuis plus de dix ans. Je serai pour ma part extrêmement prudent pour la bonne raison que les ratios au titre de 2021 ne sont pas des plus engageants. Payer une telle valeur sur une VE/CA de 1 ou encore une VE/ROC de 12 pourrait paraître très attractif au regard des multiples historiques du secteur, mais la donne a changé et bien malin celui qui pourrait prédire quand l’activité repartira.
Mieux vaut donc prendre son mal en patience même si une reprise technique est envisageable après une telle purge. La conjoncture actuelle donne néanmoins à penser que celle-ci ne saurait s’inscrire dans la durée.