Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Wall Street peut porter un toast à la santé de Jerome Powell et de ses collègues de la FED ! Les investisseurs avaient dans un premier temps été quelque peu douchés par les déclarations de Donald Trump et les indices américains accusaient un repli compris entre 0,2 et 0,6% vers 19 heures.
Quelques minutes plus tard, ils évoluaient toutefois unanimement dans le vert… avant de fléchir progressivement en seconde partie d’après-midi.
On s’interroge sur les raisons qui ont poussé le président américain à évoquer le maintien des sanctions douanières à l’encontre de la Chine, à quelques jours du déplacement du Secrétaire du Trésor Steven Mnuchin à Pékin et à deux semaines de la visite du vice-Premier Ministre chinois Liu He à Washington. De son côté, la Réserve fédérale a entériné le gel des taux (2,25/2,50%) pour une période d’au moins neuf mois et plus probablement d’un an selon les « dot plots » (les anticipations des différents membres de l’institution).
La FED reste optimiste dans son scénario économique
Et si le diagnostic économique reste fondamentalement optimiste – la FED évoque une « croissance robuste » –, sa prévision concernant le PIB a tout de même été révisée de 0,1 point à la baisse à +2,1%, tandis que l’objectif d’inflation est désormais de 1,7%, contre +1,8% visé auparavant. A plus long terme, la banque centrale américaine table sur une croissance réglée comme un métronome: +2% tous les ans jusqu’en 2021, avec une inflation également à +2% !
Si ces projections se révélaient exactes, ce serait une excellente nouvelle pour Donald Trump : pas de récession en vue et de l’argent facile pour Wall Street dès l’an prochain, considérant que le marché obligataire « price » déjà à 50% une baisse de taux d’ici mi-2020, cinq mois avant les élections présidentielles. L’inverse est jugé impossible et aucun patron de banque centrale ne prendrait de toute façon le risque de subir le reproche de mettre en péril la croissance et de désavantager un candidat à sa propre succession.
Bye-bye la réduction du bilan !
En ce qui concerne la normalisation, c’est-à-dire la réduction du bilan, la FED vient par ailleurs de publier son avis de décès. Son programme de vente d’actifs sera en effet progressivement mis en veilleuse entre mai et septembre, avant un arrêt définitif avant l’entame du quatrième trimestre. L’institution a également fait savoir qu’elle s’abstiendra de compléter son portefeuille pour compenser l’expiration d’instruments obligataires arrivant à échéance.
Dans le sillage de ces annonces « dovishes », le dollar a décroché de 0,75% face à la monnaie unique, vers 1,1450, au plus bas depuis le 4 février, alors que les T-Bonds se sont détendus de 8 points à 2,535%. Au surplus, le rendement du T-Bond à 30 ans a fait son grand retour sous les 3,00% à 2,975%, contre 3,035% avant-hier.
De leur côté, les valeurs financières ont décroché de 2% en moyenne, sur fond de craintes quant à un écrasement durable des marges des banques sur leur activité de crédit… mais également sur le trading obligataire, puisqu’il n’y a plus rien à « imaginer » comme stratégie juteuse au cours des 12 prochains mois.
Et sur les actions, que signifie l’anticipation d’une baisse de taux, sinon une récession… ?