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Guerre Commerciale: Les USA essayent-ils d'isoler la Chine pour la faire plier?

Publié le 02/10/2018 11:08
Mis à jour le 02/09/2020 08:05

Le sujet de la guerre commerciale a laissé place au budget italien à la première place des préoccupations actuelles du marché, mais il ne faut pas oublier que les Etats-Unis et la Chine se sont lancés dans une conflit commercial pour lequel aucune issue n’est en vue pour l’instant.

D’un point de vue stratégique, on peut même supposer que celle-ci pourrait de nouveau s’aggraver prochainement.

Le président Donald Trump travaille en effet à éliminer les litiges avec les autres partenaires commerciaux des USA, ce qui laisse penser à une stratégie destinée à isoler la Chine.

Sur les quelques dernières semaines, le président US a conclu un accord avec le Canada et le Mexique, ainsi qu’avec la Corée du Sud, et a convaincu le Japon d’entamer des négociations économiques bilatérales.

Le nouvel accord Nord américain remplaçant l'ALENA contient des mesures contres la Chine

D’ailleurs, il est intéressant de relever que l'accord nord-américain comprend également des dispositions visant à maintenir les produits chinois hors de la région.

«Il y a plusieurs mois, les États-Unis ont lancé des attaques sur plusieurs fronts contre leurs partenaires commerciaux», a rappelé Dec Mullarkey, directeur général de Sun Life Investment Management, un fonds ayant 47 milliards de dollars sous gestion, ajoutant que "les Etats-Unis peuvent maintenant se concentrer sur la Chine"

Il existe des toutefois des points positifs et des points négatifs à relever dans le contexte actuel.

Sur le plan positif, les dernières semaines ont prouvé que Trump n’est pas un ultra-isolationniste. Selon les économistes de JPMorgan (NYSE:JPM) le président s'abstient de lancer une «guerre contre le commerce» qui pourrait bouleverser l'économie mondiale.

Cependant, il s’embarque tout de même dans une guerre commerciale avec la Chine qui va affecter l’économie des deux pays l’année prochaine, et augmenter le risque d’un recul important de la confiance des affaires, ont-ils déclaré dans une note du 28 septembre.

On rappellera également que le président Trump a déclaré Lundi qu’"il est trop tôt pour parler" avec la Chine, à l’occasion de l’annonce du nouvel accord commercial avec le Canada et le Mexique.

Il faut en effet noter que les négociateurs américains semblaient avoir en tête la Chine lorsqu’ils ont conclu le nouvel accord commercial avec le Mexique et le Canada, avec des règles présentées par l’administration Trump comme des outils pour empêcher les importations chinoises et encourager la production et les investissements aux États-Unis et en Amérique du Nord.

«Les États-Unis semblent s’attacher à empêcher les importations chinoises de gagner une part de marché réelle aux États-Unis», a par ailleurs déclaré Flavio Volpe, président de l’Association canadienne des fabricants de pièces automobiles.

"Le bâton protectionniste brutal utilisé par cette administration pourrait finir par créer une coalition de partenaires commerciaux majeurs avec laquelle il sera difficile de concurrencer les carottes chinoises."

L’accord USA-Canada-Mexique précise également que les trois pays doivent donner un préavis de trois mois s’ils souhaitent entamer des négociations commerciales avec une «économie non marchande», ce qui peut sans trop de risques être considéré comme une référence indirecte à la Chine.

En d’autres termes, les États-Unis peuvent mettre fin à leur pacte avec le Mexique ou le Canada si l’un ou l’autre de ces deux pays conclut un accord commerciale avec la Chine…

L’accord entre les États-Unis, le Mexique et le Canada interdit également à ses membres de chercher à stimuler leur compétitivité économique en dévaluant leurs devises, ce qui peut être ici aussi considéré comme une référence à la Chine, que Trump a accusé plusieurs fois de dévaluer le Yuan.

En s’engageant dans un accord avec ses voisins, et en entamant des discussions avec ses autres alliés, le Japon et l’Union européenne, Trump renforce donc clairement la position de négociation des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine.

"La prochaine étape consistera à faire pression sur la Chine avec une coalition plus large", a estimé de son côté David Hensley, de JPMorgan, notant que d’autres pays partageaient les préoccupations des États-Unis en ce qui concerne la Chine.

Et il semble que le processus soit entamé, puisque les ministres du commerce des États-Unis, de l’Union européenne et du Japon ont de plus publié une déclaration commune la semaine dernière visant la Chine, en s’engageant à «s’attaquer aux politiques et pratiques des pays tiers non orientées marché» et à condamner le vol de propriété intellectuel.

"Si les Etats-Unis devaient conclure de nouveaux accords avec leurs principaux partenaires commerciaux, dont beaucoup sont également des partenaires commerciaux clés de la Chine, Pékin pourrait se sentir de plus en plus coincée", précise quant à lui Eswar Prasad, ancien expert du FMI.

De son côté, Terry Haines, responsable de l’analyse politique d’Evercore ISI, a déclaré lundi dans une note envoyée à ses clients qu’il estime que les Etats-Unis et la Chine ne parviendront pas à un accord avant 2019 au plus tôt.

Cependant, "le nouvel accord de Nafta montre à la Chine et à d’autres que l’administration Trump est prête à conclure de nouveaux accords commerciaux tant qu’ils répondent aux principales préoccupations des États-Unis", a-t-il précisé.

Un accord commercial Chine-USA semble encore très lointain

Malgré tout, cela pourrait se révéler difficile pour Pékin de parvenir à un accord, parce que l’administration Trump fait pression pour des changements fondamentaux majeurs dans la façon dont la Chine gère son économie, notamment en ce qui concerne les subventions et la politique industrielle dirigée par le gouvernement.

"Les choses qu'ils demandent sont pratiquement inaccessibles", a à ce propos déclaré Phil Levy, du Chicago Council on Global Affairs.

D’ailleurs, Trump lui-même a semblé bien conscient de ces difficultés à venir dans ses commentaires aux journalistes lundi : "Ils font tout ce qu'ils veulent", a-t-il déclaré, faisant référence à Beijing, ajoutant: "Nous avons beaucoup à faire avec la Chine".

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