Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Wall Street vole de records en records absolus. En effet, nous avons déjà 7 records absolus en 9 séances depuis le début de l’année. Les stratèges évoquent l’amorce d’une rotation sectorielle début 2018. Peut-être a-t-elle lieu entre le secteur auto, les financières ou la distribution, entre les semi-conducteurs et les réseaux sociaux. Mais pas un dollar n’est désinvesti du S&P500 ou du Nasdaq (bien au contraire).
Wall Street réalise ainsi sa meilleure entame d’année depuis 2000. Il affiche (provisoirement) son meilleur mois boursier depuis juillet 2016.
▶ La saison des résultats a bien commencé
Les opérateurs ont salué le coup d’envoi réussi de la saison des résultats. Elle est notamment marquée par les bonnes performances de JPMorgan (NYSE:JPM) et de BlackRock. Ce dernier publie des bénéfices en hausse de 171% à 2,34 Mds$ grâce à une plus-value ponctuelle de 1,2Md$ liée à la Tax Reform et à une collecte de 103 Mds$ au 4e trimestre grâce aux ETF. Les stratèges américains se félicitent également de la nette décrue du dollar face à l’euro. En effet, l’EURUSD dépasse les 1,22 et s’achemine vers les 1,25 comme Gilles l’avait anticipé.
De façon classique, la glissade du billet vert s’accompagne d’une progression symétrique du pétrole. Ce dernier a pris +1,4% à 64,4$ vendredi. Cela représente +4% hebdo et +7% depuis le 1er janvier. Mais aussi et surtout +50% en 6 mois, alors que le dollar a cédé 7% face à l’euro dans le même intervalle (1,14/1,22). La progression funiculaire des indices US démontre que les opérateurs s’accommodent parfaitement de cette baisse du dollar. Et ils ne redoutent absolument pas l’imminence d’un risque inflationniste. Selon les chiffres divulgués par le département du Commerce, l’inflation reste apparemment modérée aux Etats-Unis avec +0,1% en donnée brute en décembre. Mais le tableau pourrait apparaître un peu moins idyllique en version « core » (hors énergie), puisque le CPI progresse de +0,3%. En y rajoutant les +10% du pétrole depuis le 27/12, le CPI de janvier risque de remettre en cause la sérénité de Wall Street.
▶ Les marchés obligataires sont tendus
La nervosité est déjà perceptible du côté du marché obligataire. Nous avons assisté à un rendement des T-Bonds à 10 ans qui a effectué une série d’incursions vers 2,60%, se maintenant systématiquement au-delà des 2,50%, c’est-à-dire au-delà de la puissante oblique baissière très long terme issue de 1981. Cela pourrait constituer un signal d’alerte majeur, l’amorce d’un renversement de tendance historique qui forcerait les gérants actions à tout recalculer, la prime de risque, le rendement relatif, les PER dynamiques (il faudra intégrer la hausse des coûts des financement), etc. Gilles consacre d’ailleurs son article du jour à la tension des taux et au risque de krach des marchés actions que cela implique.
▶ Jerome Powell saura-t-il trouver les mots ?
Wall Street est pour l’instant convaincu que Jerome Powell saura trouver les mots qui rassurent et ne saurait inaugurer son mandat par un discours qui glacerait les investisseurs. Bien entendu, il va leur rappeler par exemple que la Fed a toujours pour mission d’assurer la stabilité monétaire (surveiller de près l’inflation) et que les niveaux d’endettement sont partout au zénith (prêts étudiants, crédit auto, encours de cartes de crédit, dette fédérale… et positions à terme sur les actions).
Mais je ne pouvais terminer cette chronique sans évoquer ce bon mot qui va détendre tout le monde et qui émane de Steven Mnuchin, le Secrétaire américain au Trésor : « il faut mettre fin au ridicule plafond du plafond de la dette fédérale« . Enfin quelqu’un de pragmatique qui souhaite que le Congrès et la Fed entérinent une bonne fois pour toute que le gonflement du déficit, c’est no limit !