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Les minutes de la réunion de juin de la Banque centrale européenne, qui viennent d’être publiées, montrent que la plupart des membres de la BCE s’inquiètent d’une éventuelle sous-estimation de l’inflation. Il est important de souligner "la plupart", mais certainement pas tous.
Les minutes de la réunion de juin de la BCE ont confirmé le message que la présidente Christine Lagarde a tenté de faire passer lors de la conférence de presse : les risques de baisse de la croissance et les révisions à la baisse des prévisions d’inflation de la Banque étaient les principales raisons pour lesquelles la Banque centrale européenne a de nouveau abaissé ses taux d’intérêt.
Il est intéressant de noter qu’il y a eu deux débats fondamentaux : l’un sur la question de savoir si la politique monétaire était encore neutre ou déjà accommodante, malgré les commentaires antérieurs de la présidente Lagarde réfutant ce concept, et l’autre sur la question de savoir si le dépassement de l’inflation devait être une préoccupation ou non. Ce dernier débat n’aurait pas eu lieu si la BCE avait eu un objectif de niveau des prix au lieu d’un objectif d’inflation.
Principaux points du procès-verbal
Dépassement de l’inflation, partie 1. "Les membres ont discuté de la mesure dans laquelle le dépassement temporaire prévu de l’objectif d’inflation était préoccupant. Ils se sont inquiétés du fait qu’à la suite des révisions à la baisse de l’inflation annuelle pour 2025 et 2026, l’inflation devrait être inférieure à l’objectif pendant 18 mois, ce qui pourrait être considéré comme se prolongeant à moyen terme."
Dépassement de l’inflation, partie 2. "Le risque d’un dépassement durable de l’objectif d’inflation est considéré comme limité, à moins d’une détérioration brutale des conditions sur le marché du travail."
Neutre ou accommodant. "Il a été soutenu qu’après sept réductions des taux, les taux d’intérêt se trouvaient désormais fermement en territoire neutre et peut-être même déjà en territoire accommodant. La reprise de la croissance du crédit et l’enquête sur la distribution du crédit bancaire le suggèrent également."
Tout le monde n’était pas d’accord avec la décision de baisse des taux, partie 1. "Presque tous les membres ont soutenu la proposition de M. Lane d’abaisser les trois taux d’intérêt directeurs de la BCE de 25 points de base.
Tout le monde n’était pas d’accord avec la décision de baisse des taux, partie 2. "Dans le même temps, quelques membres ont estimé qu’il était justifié de maintenir les taux d’intérêt à leur niveau actuel. La sous-estimation temporaire de l’inflation à court terme devrait être examinée, car elle était principalement due à des facteurs volatils tels que la baisse des prix de l’énergie et un taux de change plus fort, qui pourraient facilement s’inverser."
Les marchés peuvent encore influencer la BCE. "Dans ce contexte, il a été rappelé que les projections des services de la BCE étaient conditionnées par une courbe de marché qui intégrait une baisse des taux de 25 points de base en juin et environ 50 points de base de réductions au total d’ici la fin de 2025."
Nous nous attendons à ce que la BCE réduise à nouveau ses taux en septembre
Dans son évaluation de la politique monétaire publiée en début de semaine, la BCE a souligné l’importance de l’analyse des scénarios. Un argument qui s’inscrit parfaitement dans la situation actuelle. Une situation marquée par une grande incertitude politique et économique. Dans ce contexte, il semble que la BCE veuille maintenant prendre du recul et, au moins temporairement, interrompre le cycle actuel de réduction des taux. Comme l’a déclaré Mme Lagarde lors de la conférence de presse de juin, "la BCE est maintenant dans une bonne position".
Cette "bonne place" est devenue un peu moins confortable récemment en raison du renforcement continu de l’euro. Non seulement l’euro plus fort agit comme un tarif supplémentaire en plus des tensions commerciales actuelles, mais il comporte également le risque d’une nouvelle sous-estimation de l’inflation. Par conséquent, il y a de fortes chances que la BCE doive bientôt quitter la "bonne place" et continuer à réduire ses taux.
Sous l’impulsion d’une monnaie plus forte, la seule question qui se pose actuellement à la BCE semble être de savoir quand et de combien, et non pas si elle doit continuer à réduire ses taux. En fait, en cas de ré-augmentation des tensions commerciales et d’affaiblissement consécutif des perspectives de croissance de la zone euro, de nouvelles baisses de taux interviendraient plus rapidement et avec une plus grande ampleur. Si l’histoire commerciale évolue sans escalade forte et sans nouvelles turbulences, et si l’inflation poursuit sa récente tendance désinflationniste mais que les mesures de relance budgétaire ramènent la croissance et l’inflation, en 2026 au plus tard, nous verrions la BCE ne procéder qu’à une seule nouvelle baisse en septembre.
Dans l’ensemble, le compte rendu d’aujourd’hui indique que la discussion au sein de la BCE sur les prochaines étapes s’est intensifiée. Le renforcement de l’euro pourrait être un argument bienvenu pour continuer à réduire les taux, alors que dans le même temps, la question de savoir s’il faut ou non simplement autoriser un dépassement de l’inflation pour compenser un dépassement antérieur fera l’objet d’une plus grande attention.