Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr le 23 mars 2017
La BCE vient d’en déverser ce jeudi, à hauteur de 233,5 Mds€, au profit de 474 banques européennes qui en ont fait la demande dans le cadre du dernier (et ultime) volet du programme TLTRO (des prêts géants à taux zéro offerts au système bancaire depuis septembre 2014). Conséquence : après plusieurs heures d’hésitation autour d’un cours pivot de 5 000 Pts, un biais nettement plus haussier se dessine sur le CAC40 malgré la grande inconnue que représente ce soir le vote du Congrès US sur la suspension d’Obamacare. Quelques parlementaires républicains réfractaires à voter la mesure auraient-ils cédé à la pression qu’ils subissent de la part de Donald Trump ? La réalité est, vous vous en doutez, plus technique et nous rappelle que les marchés sont dirigés d’abord et avant tout par les flux de liquidités. Alors merci la BCE :
233,5 Mds€ versés aux banques grâce au TLTRO
Lors de la précédente édition fin décembre, la demande n’avait porté que sur 62Mds€ (elle a donc pratiquement quadruplé). Mais ne vous inquiétez pas : nos banques vont bien. Très bien même. C’est juste qu’un tour d’argent gratis, ça ne se refuse pas… Si le cycle TLTRO s’achevait ce jeudi, la BCE pourrait très bien décider d’en mettre en place un nouveau au cours des prochains mois, non plus avec des taux zéro mais assortis de taux toujours très bas… Ce qui reviendrait à entériner que la politique monétaire se durcit un peu face au risque inflationniste, donc il n’y a rien de fait.
Et puis, le patron de la Banque de France (Mr Villeroy de Galhau) estimait hier qu’il est encore trop tôt pour mettre un frein aux mesures exceptionnelles de soutien à l’économie. Mais notre économie va bien ; très bien même ! Mario Draghi poursuivra donc son programme de rachats d’actif jusqu’à fin 2017, la question d’un tapering (réduction de la taille des achats) n’est toujours pas d’actualité. Pour en revenir aux 233 Mds€ injectés ce jeudi, la rumeur voudrait que les banques d’Espagne et d’Italie aient absorbé pour 60% du total. Si c’était pour participer à la relance de l’économie, ce serait bon signe, mais il est fort probable que cet appétit soit plutôt dicté par des trésoreries tendues et des difficultés de plus en plus grandes à se refinancer auprès d’autres établissements européens, comme en témoigne la hausse des taux interbancaires quotidiens (LIBOR, Euribor). Mais pour l’heure, cette adjudication contient surtout la promesse qu’un flot de liquidités va pouvoir se déverser dans le marché. Car vous le savez bien, après tout : en matière de placement, « il n’y a pas d’alternative » aux actions… dont acte !