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La Bourse de Hong Kong, un pion entre les mains de Pékin dans la guerre commerciale

Publié le 25/10/2018 08:35
Mis à jour le 09/07/2023 12:32

Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Le 1er juillet 1997, Hong Kong a officiellement quitté la souveraineté britannique pour intégrer la République populaire de Chine.

Cette rétrocession était inévitable, après 156 années de domination britannique. Toutefois, certaines conditions spécifiques à l’île de Hong Kong ont offert un certain levier à Londres durant les négociations de sortie. Et même si la souveraineté chinoise s’est imposée, Pékin a dû accorder de nombreuses concessions aux Britanniques.

Parmi elles, le maintien de l’anglais comme langue officielle, le maintien d’une frontière avec la Chine, l’obligation de demander un visa pour les visiteurs venant de Chine continentale, le maintien d’un système législatif différent de celui de la Chine ou encore la confirmation de l’existence d’un dollar hongkongais émis par l’autorité monétaire de l’île.

Reste que la garantie de ces droits liés à l’autonomie est soumise au bon vouloir de la Chine. Or, peu à peu, l’Empire du Milieu a grignoté ces libertés. Réduit la liberté de la presse. Sanctionné les dissidents… Tant et si bien que l’autonomie de Hong Kong est aujourd’hui précaire et que l’île s’apparente davantage à une branche du Parti communiste de Pékin qu’à la cité-Etat dynamique et indépendante qu’elle fut autrefois.

J’ai vécu ces changements en direct. Mon premier voyage à Hong Kong remonte à 1982.

A l’époque, Hong Kong était la ville la plus énergique où j’ai séjourné, en dehors de New York. Elle était dynamique, riche et se développait rapidement, les gratte-ciels surgissaient et les enfants des réfugiés arrivés de Chine continentale dans les années 1950 avaient terminé leurs études depuis longtemps. Ils travaillaient dans les banques ou créaient leurs propres entreprises. Bref, l’avenir était resplendissant.

▶ Les communistes refusent toute dissidence
Lors de mes visites suivantes, dans les années 1990, au début des années 2000 et tout récemment, j’ai remarqué un changement notable. Les gratte-ciels étaient certes plus imposants, et la ville plus riche, mais l’énergie avait disparu. Les gens étaient démotivés car la main de fer de la Chine communiste s’était abattue sur eux.

Lors de ma toute dernière visite, j’ai prononcé un discours à l’Asia Society, fin mai, et j’ai bel et bien entendu un membre de l’élite chuchoter à un autre : « Attention à ce que tu dis en public ». C’est logique dans la mesure où les communistes surveillent de près toute éventuelle dissidence.

Alors certes, Hong Kong est toujours riche, connectée et utile pour Pékin, mais l’indépendance et l’énergie se sont volatilisées. Hong Kong est désormais sous la coupe de la Chine continentale.

Il est important de le garder à l’esprit car c’est un élément clef, désormais, pour analyser les marchés de Hong Kong.

L’une des meilleures analyses sur la véritable situation de la Chine nous est offerte par Gordon Chang, qui ne s’appuie pas uniquement sur le lourd endettement du pays pour tirer ses conclusions. Voici son propos :

« La Chine évolue de l’autoritarisme vers le totalitarisme, en réadoptant un modèle ayant conduit la République populaire de Chine au bord de la faillite économique à deux reprises, la première durant le Grand Bond en Avant, à la fin des années 1950 et au début des années 1960, et la seconde durant la Révolution culturelle, au milieu des années 1960 et jusqu’au milieu des années 1970. On ne peut s’attendre à ce que l’économie chinoise suive ces traces dans une atmosphère de plus en plus intolérante sur le plan politique, comme le suggère l’histoire même de ce pays.Et il existe une raison de plus de douter de la suprématie de l’économie chinoise : la démographie. Bientôt, la Chine rejoindra en effet les rangs des pays dont la démographie s’amenuise. Selon le document Les Perspectives de la Population Mondiale : la révision de 2017, publié par l’ONU, sa population enregistrera un pic aux alentours des 1,44 milliard d’habitants à la fin de la prochaine décennie, mais d’ici la fin de ce siècle, elle sera ramenée à 1,02 milliard d’habitants.Cette perspective de baisse démographique aura une incidence sur la concurrence de la Chine vis-à-vis des États-Unis. En 2015, la population chinoise était 4,4 fois supérieure à celle de l’Amérique. D’ici 2100, on estime que la population chinoise devrait être 2,3 fois supérieure à celle de l’Amérique.Cette prévision de baisse démographique en Chine – et souvenons-nous que les estimations de l’ONU semblent exagérer le potentiel démographique du pays – ne signifie pas que l’économie du pays ne peut pas réussir, mais cela signifie qu’elle devra réussir malgré la démographie. En outre, les quatre décennies d’essor de l’Empire du Milieu ont eu lieu au cours d’une période durant laquelle le pays a récolté un « dividende démographique, une extraordinaire augmentation du volume de sa main-d’œuvre.D’ailleurs, la main-d’œuvre chinoise diminue déjà, après un premier pic en 2011, selon les statistiques officielles…La Chine doit encore démontrer qu’elle peut sortir du redoutable « piège du revenu intermédiaire », et si elle n’y parvient pas, l’économie du pays ne dépassera pas celle de l’Amérique. Auquel cas, Pékin ne dominera probablement pas le système mondial qui est soi-disant en train de s’écrouler. Et sans une économie dynamique, l’Empire du Milieu ne pourra ni se moderniser, ni renforcer son armée, ni prendre les nations en voie de développement au piège de sa diplomatie de la dette, ni financer son projet de Nouvelle route de la soie ».
Bref, la Chine n’est pas – ou plus – l’invincible Dragon Rouge que l’on croit voir de l’extérieur. Elle n’est toutes choses égales par ailleurs qu’une économie en voie de développement de plus, lourdement endettée, avec un gouvernement totalitaire et pas vraiment en voie d’acquérir le statut de pays à revenus élevés.

▶ Dévaluer le yuan, une impérieuse nécessité pour Pékin

La Bourse de Hong Kong, un pion entre les mains de Pékin dans la gu

Par ailleurs, le pays est dans une situation de guerre commerciale avec les États-Unis et, pour pouvoir « tenir », se livre à une guerre des devises en dévaluant le yuan. Donald Trump a en effet frappé fort en appliquant des droits de douane variant de 10 à 25% sur plus de 200 Mds$ d’exportations chinoises destinées aux États-Unis. 200 autres milliards de marchandises chinoises sont également dans le collimateur de la Maison-Blanche, dans l’attente des résultats de consultations publiques.

Pékin a répliqué en appliquant des tarifs douaniers sur les marchandises américaines, mais la Chine n’importe pas suffisamment de produits américains pour pouvoir rendre coup pour coup. Par conséquent, elle dévalue volontairement sa monnaie depuis le mois d’avril afin de compenser l’augmentation des coûts provoquée par ces tarifs douaniers.

Sauf que cette dépréciation du yuan suscite évidemment l’ire de Donald Trump, pour qui la Chine est un « manipulateur monétaire ». Un « statut » qui entraîne de nouvelles pénalités et sanctions à l’issue d’une phase d’évaluation au sein du Trésor américain.

Moyennant quoi, l’Empire du Milieu est engagé dans une guerre commerciale et une guerre des devises, mais elle est en voie de perdre les deux.

Le pays se trouvant dans une position ô combien inconfortable, comment va-t-il tenter d’utiliser Hong Kong pour combattre ces guerres financières ? Quelles sont les conséquences pour les marchés de Hong Kong ?

En ce moment, la guerre des devises dans laquelle la Chine est engagée avec les États-Unis rencontre des obstacles. Elle est en effet soumise au « trilemme » de Mundell-Fleming, selon lequel un pays ne peut à la fois conduire une politique monétaire indépendante, et bénéficier de la libre circulation des capitaux et d’un taux de change fixe. Vous pouvez mener de front deux de ces éléments, mais si vous tentez les trois simultanément, vous courez à la faillite car les capitaux fuient vers d’autres marchés, en quête d’arbitrages sur les taux d’intérêt ou les taux de change.

Actuellement, la Chine mène une politique monétaire indépendante et veut faire croire qu’elle ne manipule pas sa monnaie. Et pour (tenter de) résoudre ce « trilemme », elle a instauré un contrôle des capitaux fin 2016, aussi l’argent qui se trouve dans le pays ne peut pas en sortir.

Pourtant, le pays a désespérément besoin de soutenir sa monnaie sans que la Banque populaire de Chine ne donne l’impression de faire le « sale boulot », en liquidant des réserves de devises. Il existe un moyen consistant à opérer en secret via les plus grandes banques de Hong Kong, en utilisant des dérivés hors-bilan short (vendeurs) sur le dollar (dépôts en euro-dollars « synthétiques ») et long (acheteurs) sur le yuan afin de le soutenir sans puiser dans ces positions de réserve.

Mais il y a un problème car ces swaps doivent être réglés tôt ou tard. Et si le yuan baisse en raison des dynamiques de marché (et parce que les Chinois récupèrent l’argent par le biais de canaux illégaux), alors la Banque populaire de Chine perdra de l’argent sur ces derniers. Or, ces pertes pourraient ensuite mettre en danger les banques de Hong Kong qui ont émis les swaps et, au bout du compte, avoir un impact très négatif sur les marchés actions de Hong Kong.

Ce n’est pas parce que la Chine a transféré en toute opacité ses problèmes économiques de Pékin à Hong Kong qu’ils vont disparaître. Ils attendent plutôt de pied ferme aux portes de Hong Kong…

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