La croissance économique chinoise a ralenti à son rythme le plus lent depuis près de trois décennies en 2018 selon les chiffres publiés la nuit dernière, pénalisée par la guerre commerciale avec les États-Unis qui a exacerbé le ralentissement de la deuxième économie mondiale.
La croissance a donc atteint 6,6% pour l'ensemble de l'année 2018 selon les chiffres officiels publiés ce lundi, soit le rythme de croissance sur un an le plus lent enregistré par la Chine depuis 1990.
Le ralentissement économique, qui a été plus marqué que prévu par Pékin, s'est accentué au cours des derniers mois de l'année 2018, avec une croissance limitée 6,4% au quatrième trimestre (au plus bas depuis la crise financière de 2009) par rapport au même trimestre de l'année précédente.
Les perspectives incertaines des exportateurs chinois dans le cadre du conflit commercial avec les Etats-Unis ont amené les entreprises à retarder leurs investissements et leurs embauches et, dans certains cas, même à recourir à des licenciements, une pratique souvent découragée par les dirigeants chinois du parti communiste, obsédés par la stabilité. Le taux de chômage officiel a augmenté à 4,9% en décembre 2018, contre 4,8% en novembre, un signal inquiétant et inhabituel en Chine.
Certains économistes et investisseurs ont par ailleurs estimé que l'économie chinoise a beaucoup plus ralentit que ce que les chiffres officiels de la croissance 2018 montrent.
Il est vrai que le gouvernement a abaissé les chiffres de croissance 2017 vendredi, ce qui a fournit une base plus basse pour les chiffres de 2018, les gonflant ainsi artificiellement.
"L'économie est confrontée à une pression à la baisse", a déclaré lundi Ning Jizhe, chef du Bureau national de la statistique, lors d'une conférence de presse. M. Ning a notamment évoqué "un environnement externe complexe et sévère".
On notera que ces données décevantes pourraient peser sur l'optimisme du marché, ce que l'on peut d'ailleurs confirmer ce matin avec la baisse des indices européens, dont le CAC 40 et le Dax.
D'un autre côté, on peut également estimer qu'avec une économie qui se dégrade, la Chine pourrait être incitée à faire les concessions nécessaires pour obtenir un accord avec les USA en mettre fin à la guerre commerciale, alors que la trêve entre les deux pays conclue en fin d'année dernière lors du sommet du G-20 en Argentine se termine le 1er mars.
On peut aussi estimer qu'un tel ralentissement incitera le gouvernement chinois à mettre en place des mesures de politique monétaire pour soutenir l'économie, comme par exemple une nouvelle baisse du ratio de réserve obligatoire des banques.
Toutefois, l'agence de notation Moody's a relevé ce matin que compte tenu de l'endettement élevé en Chine, que ce soit au niveau des ménages, des entreprises ou des administrations publiques, limite l'impact potentiel des mesures de relance par la politique monétaire.
Enfin, on notera qu'outre les chiffres de la croissance, la Chine a également annoncé d'autres chiffres plus rassurants la nuit dernière, avec une production industrielle en hausse de 5,7% sur décembre, contre +5,3% anticipé, et des ventes au détail conformes au consensus, à +8,2% sur le mois de décembre.
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