L’Italie négocie depuis plusieurs mois avec l’UE pour valider un projet de budget 2019 fuyant l’austérité, et privilégiant des mesures susceptibles de stimuler la croissance.
Le projet de budget 2019 a en effet plusieurs fois été rejeté par la Commission Européenne ces dernières semaines, notamment en raison d’un objectif de déficit budgétaire jugé trop élevé (2.4% du PIB dans le premier projet présenté à l'UE, et 2.2% dans le second, également refusé).
Notons que suite au rejet de la seconde proposition de budget l’Italie, la Commission Européenne a décidé d’enclencher une « procédure pour déficit excessif » à l’encontre du pays, avec à la clé une sanction financière pouvant atteindre 0.2% du PIB, si la procédure aboutit.
Aujourd’hui, l’Italie proposera donc à l’UE une nouvelle version de son budget 2019, et il se murmure que l’objectif de déficit pourrait être ramené à 2.05-2.08%, ce qui pourrait ne pas être suffisant pour l’UE, inquiète de la dette très élevée de l’Italie (plus de 130% du PIB).
L’Italie pourrait-elle pointer la France du doigt pour servir sa cause ?
Mais le gouvernement populiste italien, qui n’a pas peur des provocations, pourrait avancer le cas de la France pour affirmer qu’une sanction envers la Botte serait « injuste ».
Face à la grogne sociale qui dure depuis plusieurs semaines, le président français Macron a en effet annoncé lundi une série de mesures destinées à apaiser les esprits. On citera entres autres l’annulation de la dernière hausse des taxes sur l’essence, une hausse de 100 euros du SMIC qui ne sera pas supportée par les employeurs (et qui sera donc supportée par l’Etat), et la défiscalisation totale des primes de fin d’année 2018.
Ces mesures risquent fort de dégrader considérablement le budget déjà fragile de la France.
L’Italie pourrait donc, de bon droit, souligner le fait qu’il n’y a pas de raisons qu’elle ne bénéficie pas de la souplesse de l’UE, si celle-ci passe l’éponge pour la France, et ce même si Moscovisci répète régulièrement, comme cela a été le cas aujourd’hui, que la situation de la France et de l’Italie ne sont pas comparables.
La France bientôt dans le collimateur de l’UE ?
On peut également envisager que si la France ne parvient pas à compenser les écarts budgétaires qu’impliquent les mesures annoncées cette semaine, elle pourrait elle aussi subir les foudres de l’UE, tout comme l’Italie.
Le gouvernement français pourrait ainsi se retrouver dans peu de temps dans la même situation que le gouvernement italien, avec un dérapage budgétaire rendu inévitable en raison d’indispensables mesures destinées à apaiser la population et éviter une aggravation irréversible de la situation sociale.
Tout comme l’Italie, la France devra alors dans ce cas tenter de maintenir les mesures promises à sa population, tout en procédant à des économies de bout de chandelle dans les autres composantes du budget de l’Etat, pour parvenir à afficher des chiffres acceptables pour l’UE.
Quelle influence sur l’Euro ?
La monnaie unique est sans conteste l’actif le plus concerné par la situation. A court terme, les dérapages budgétaires italiens et français inquiètent les investisseurs, et constituent un facteur baissier pour l’Euro.
A plus long terme, les dépenses des gouvernements français et italien pourraient payer en termes de croissance, ce qui profiterait à l’Euro, d’autant plus que dans ce cas d’autres pays européens pourraient être tentés de suivre le même chemin.
Après tout, la cure d’austérité qui a été mise en place dans la plupart des pays européens face à la crise financière de 2012 n’a pas vraiment porté ses fruits, avec des finances qui ne se sont pas réellement améliorées, et une croissance à la traine.
Il n’est donc pas exclu qu’une stratégie davantage centrée sur la croissance, plutôt que sur les économies, puisse se révéler plus efficace.