Cet article a été rédigé en exclusivité pour Investing.com
Pour la plupart des entreprises de loisirs cotées en bourse, la normalité revient après la pandémie mondiale du nouveau coronavirus. Mais cela n'a pas été le cas pour Las Vegas Sands (NYSE:LVS), le développeur mondial de centres de villégiature intégrés qui comprennent des jeux, des divertissements et des centres commerciaux.
Alors que la plupart des pays du monde s'ouvrent, la Chine continue d'imposer d'importantes restrictions aux voyages, y compris dans l'enclave de Macao où LVS possède plusieurs propriétés importantes. Pour l'instant, cette politique ne semble guère évoluer ; les efforts dits de "COVID zéro" ont maintenu la grande ville de Shanghai en état d'alerte pendant des semaines.
Dans cet environnement, les résultats d'exploitation de Las Vegas Sands ont, sans surprise, pris un énorme coup. Il faudra probablement attendre plusieurs trimestres, voire plusieurs années, pour que la situation s'améliore.
Mais cela ne signifie pas pour autant que LVS ne peut pas se reprendre. En fait, il y a de bonnes raisons pour qu'il le fasse. La question est de savoir quand.
L'action LVS prend une raclée
À la fin de 2019, l'action LVS se négociait à 70 $. Elle a clôturé mardi à peine au-dessus de 30 dollars.
Compte tenu de la nature des fondamentaux de l'entreprise, il y a un argument selon lequel la baisse pourrait être pire. En 2019, Las Vegas Sands a généré 4,9 milliards de dollars d'EBITDA immobilier ajusté (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) sur la base de près de 12 milliards de dollars de revenus. (Ces deux chiffres ne tiennent pas compte de la contribution, cette année-là, d'une propriété en Pennsylvanie, cédée au cours de l'année 2019, ni des activités de la société à Las Vegas, qui ont été vendues dans le cadre d'une transaction conclue en février).
En 2021, le chiffre d'affaires était inférieur de plus de 60 %. L'EBITDA immobilier ajusté était inférieur à 800 millions de dollars, soit une baisse de plus de 80 %. Compte tenu de cette performance, un investisseur pourrait faire valoir que la baisse de 57 % de LVS depuis la fin de 2019 n'est pas suffisante, plutôt que trop.
Une reprise lointaine-et d'autres risques
Pendant ce temps, ce n'est pas comme si les nouvelles s'amélioraient. Au premier trimestre de cette année, le chiffre d'affaires était inférieur de 21 % à celui de l'année précédente. L'EBITDA immobilier ajusté a chuté de plus de la moitié. Si l'on compare ces chiffres à ceux du premier trimestre 2019 (toujours en excluant les opérations américaines), les nouvelles sont encore pires : baisse de 69 % du chiffre d'affaires et de plus de 90 % de l'EBITDA immobilier ajusté.
Shanghai devrait sortir du verrouillage le mois prochain, du moins sur la base de la trajectoire actuelle des cas dans la ville. Mais les restrictions vont se poursuivre dans toute la Chine, ce qui touche les propriétés de Macao ainsi que Marina Bay Sands à Singapour.
Le COVID n'est pas la seule préoccupation. En Chine (qui a généré environ deux tiers du bénéfice pro forma en 2019), Sands doit obtenir une licence du gouvernement central. La société l'a fait initialement par le biais d'une "sous-concession" en 2022 ; cet accord expire le mois prochain.
Lors de sa conférence téléphonique du premier trimestre, Sands a déclaré qu'elle s'attendait à ce que sa licence soit prolongée, et que les derniers détails sur une nouvelle licence seraient précisés au cours du second semestre de l'année. Mais avec le président Biden qui fait la guerre à la Chine au sujet de Taïwan, des inquiétudes de longue date ont refait surface. Les baissiers affirment depuis longtemps que Sands (et son rival Wynn Resorts (NASDAQ:WYNN)) pourrait devenir des pions géopolitiques si les relations entre les États-Unis et la Chine se détérioraient.
C'est l'une des raisons pour lesquelles les actions LVS et WYNN se sont vendues au plus fort de la "guerre commerciale" pendant la présidence Trump. De nouvelles tensions pourraient apporter davantage de mauvaises nouvelles au moment où Sands en a le moins besoin.
Une vision à long terme
Tout compte fait, les inquiétudes sont importantes en ce moment. Et même si LVS vient d'atteindre son plus bas niveau en 11 ans, touché au début du mois, il est probablement trop tôt pour tenter de détecter le creux de la vague. Rien ne permet de penser que l'environnement opérationnel va s'améliorer de sitôt. Rien ne prouve non plus que les investisseurs en actions cherchent à prendre ce genre de risques pour le moment.
Cela dit, à long terme, l'action LVS semble au moins intrigante. L'entreprise fait face à des pressions, c'est certain, mais elle dispose d'options pour réduire sa dépendance à l'égard de la Chine. Grâce aux liquidités obtenues par la vente des opérations de Vegas, Sands s'intéresse au marché potentiellement lucratif de la ville de New York. Un centre de villégiature en Thaïlande est une autre possibilité.
En Chine et à Singapour, pendant ce temps, la normalité reviendra à un moment donné, et les joueurs aussi. En fait, la plupart des casinos américains ont affiché des résultats records en 2021, en partie à cause de la demande refoulée. À un moment donné, les propriétés de Las Vegas Sands à Macao et à Singapour bénéficieront des mêmes avantages.
Oui, les perspectives semblent sombres aujourd'hui - mais peu d'analystes recommandaient les actions de jeux américaines en mars ou avril 2020. Le secteur a été l'un des plus performants de l'ensemble du marché au cours des 18 mois suivants.
Et si la normalité revient, à un moment donné, l'action LVS semblera terriblement bon marché. La société a actuellement une valeur d'entreprise (capitalisation boursière plus dette nette) d'environ 31 milliards de dollars. Cela représente moins de 8 fois l'EBITDA immobilier ajusté de 2019 en Asie, même en tenant compte de la participation de 70 % de la société dans ses opérations à Macao. (La filiale chinoise de Sands, Sands China. (HK:1928), est cotée à la Bourse de Hong Kong).
Avant la pandémie, LVS se négociait habituellement à 12x-15x sur cette base. Supposons que la société parvienne à récupérer ne serait-ce que le bas de cette fourchette et que l'action double presque, même sans la valeur ajoutée des nouveaux développements ou le milliard de dollars environ investi pour améliorer et agrandir la propriété de Singapour.
Ces rendements ne sont pas garantis. Pour le moins, ils nécessiteront de la patience. Mais, jusqu'à récemment, les investisseurs avaient cette patience. Lorsque le marché recommencera à adopter une vision à long terme, l'action LVS devrait connaître un rebond.
Clause de non-responsabilité : Au moment de la rédaction de ce document, Vince Martin n'a aucune position dans les titres mentionnés.
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