Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Moins connue que ses concurrents CapGemini ou Atos (PA:ATOS), la société informatique Sopra Steria (PA:SOPR) pèse 1,88 Mds€ en Bourse.
Elle pesait beaucoup plus en début d’année mais son cours a été quasiment divisé par deux depuis son plus haut de 187,90€… En cause ? Une succession de mauvaises nouvelles dont le point d’orgue a été des avertissements en série fin octobre.
En marge de la publication de son chiffre d’affaires du troisième trimestre, le groupe a indiqué que sa croissance organique annuelle sera d’environ 4,5% sur l’exercice et non plus entre 3% et 5%. Mais ce qui a interpellé les investisseurs, c’est plutôt que la rentabilité opérationnelle ne dépassera pas les 7,5% alors que le consensus des analystes était de 8,5%.
▶ Des déconvenues et des perspectives en berne
Même déception sur le flux de trésorerie, qui ne s’améliorera pas alors que les analystes étaient sur une variation positive de 170 M€… De nombreuses difficultés apparaissent, comme la non signature d’un contrat de taille significative chez Sopra Banking Software, l’éditeur de logiciels bancaires du groupe, acteur majeur du digital au services des banques. Si cette activité ne représente que 8% du chiffre d’affaires du groupe, sur le troisième trimestre elle a été en décroissance organique de plus de 20% quand l’activité globale du groupe était en croissance de 3,7%.
Et Sopra pâtit également de son positionnement au Royaume-Uni. Je ne vais pas vous reparler indéfiniment du Brexit, mais les négociations au point mort ne facilitent pas la vie des entreprises présentes outre-Manche. Or, le groupe français y réalise plus de 20% de son chiffre d’affaires…
Si pour le troisième trimestre, la croissance organique est de 3,5%, elle fait suite à une décroissance de 3,4% sur le premier semestre. Et les perspectives sont mauvaises : bien que le groupe prévoie une amélioration de sa rentabilité opérationnelle au second semestre… elle se fera plus lentement que prévue en raison d’un volume d’affaires réduit…
▶ L’informatique, un secteur sous pression
Pour ne rien arranger, on a appris en fin de semaine dernière que l’Autorité de la concurrence avait procédé à des opérations de visite et de saisies inopinées auprès d’entreprises et d’organismes soupçonnés de pratiques anticoncurrentielles dans le secteur informatique et notamment dans le monde des ESN (entreprises de services numériques). Bien sûr, aucun nom n’a encore été avancé mais cela jette le discrédit sur un secteur en proie en plus à des tensions salariales.
Lorsque vous interrogez les acteurs du secteur, ils conviennent tous que leur activité tourne à plein régime, mais qu’il est difficile de recruter sans procéder à des hausses de salaire et qu’il est en plus assez difficile de ne pas faire face à un fort turn over. En réalité, il y a une véritable inflation salariale dans le monde informatique, préjudiciable pour les marges du secteur.
Difficile donc d’anticiper le moindre rebond sur Sopra Steria, même si ses ratios boursiers ne sont pas élevés (PER inférieur à 10 et VE/CA de 0,6…). Le titre n’est pas cher, mais ce n’est pas non plus donné : il faut sans doute attendre encore un peu avant de revenir sur la société informatique.