Chaos déterministe, vision du monde et choix stratégiques
Admettons l’idée de causalité, mère du principe du chaos déterministe qui dirait, pour faire court, que pour chaque effet, il y a une cause, mais que sa complexité nous en interdit l’appréhension : un être humain, limité dans le temps et dans l’espace ne pourra jamais faire l’inventaire de toutes les causes en action pour déduire les effets certains, d’où le mot « chaos.»
Il y aurait donc un ordre « déterministe », mais si difficile à discerner qu’il s’apparente au chaos.
La théorie du chaos déterministe pointe une idée intéressante pour les traders : plus la quantité, le temps où la distance augmente, plus les effets varient en fonction des informations de départ ; c’est le principe du coefficient multiplicateur. L’ensemble des intervenants accroit donc la notion de chaos, chacun réagissant à une cause incomprise.
«Un battement d’aile de papillon au Mexique serait la cause première d’une tempête à l’autre bout de la terre. » C’est l’image populaire de la théorie du chaos déterministe, une petite cause créant des effets gigantesques.
Que l’on adhère ou non à l’idée de causalité, qui peut se heurter à la croyance religieuse ou à la pensée philosophique, le trader devra pourtant admettre une chose : le nombre d’informations nécessaires pour appréhender un marché avec certitude est tellement élevé que nous devons abandonner cet espoir et toute conviction forte, au risque de subir l’incapacité de couper une position désastreuse.
Donc, pour faire court, lorsque nous entrons en position, nous ignorons si nous allons gagner ou perdre de l’argent : c’est ainsi.
Les découvertes en neurosciences et les études menées sur les liens entre cerveau et comportements sont une nouvelle fenêtre d’appréhension de la nature humaine.
Remettant au centre de l’attention des idées chères à la psychanalyse, elles montrent que nos leviers d’actions sont aussi réduits que la part du conscient dans nos décisions : la majorité de nos choix sont induits par ce que nous sommes inconsciemment et lorsque notre intégrité psychique, physique ou financière est malmenée, nous réagissons naturellement de manière stéréotypée et automatique.
Dans cet environnement d’incertitude généralisée, il a pourtant des moyens d’action concrets qui permettent d’augmenter notablement ses chances de succès.
Parmi un grand nombre d’items qui constituent notre identité psychique singulière, nous allons en trouver un sur lequel je vais m’attarder aujourd’hui : la confiance dans l’environnement. Le territoire paléolimbique, très peu conscient, détermine la vision que nous avons du monde avec une question centrale : l’environnement est-il hostile ou bienveillant ?
Pour certains, le monde est danger (les méfiants), pour d’autres, le monde est pourvoyeur (les axiaux.) Ce positionnement n’est absolument pas rationnel ni guidé par l’analyse de la situation, c’est un postulat de base qui nous poursuit quoi que nous fassions .
pour faire face à l’incertitude ambiante, les méfiants et les axiaux devront créer des méthodes spécifiques ayant des répercussions sur leur choix d’unité de temps, d’exposition, de philosophie d’entrée et de gestion.
Pierre ne pourra pas opérer comme Jacques.
Pour faire très court, un trader méfiant vit avec l’idée que le danger ou le changement peuvent venir de n’importe où et n’importe quand. Il ne fait pas confiance en ce qu’il voit à l’instant présent et il a besoin d’observer pour calmer son angoisse latente. Un trader axial, à l’opposé, se sent protégé de facto par un environnement bienveillant, ne voyant aucune menace réelle dans le monde. Pour ces deux traders, les forces et les faiblesses seront opposées et les choix stratégiques devront prendre ces paramètres en compte pour accroitre les probabilités de succès.
La marge de contrôle du trader se trouve donc en amont du trade, au moment de prendre position, les dés sont jetés depuis longtemps et l’opérateur ne peut lutter contre le chaos environnement et contre son inconscient conditionné. Il lui revient donc la responsabilité de trouver le mode opératoire qui lui corresponde afin d’être en mesure, mécaniquement, accroître sa discipline et sa patience lors de la gestion à proprement parlé.