La chute dramatique de la livre turque ces derniers jours a fait beaucoup de bruit sur les marchés boursiers internationaux. Tous les segments de marché ont ressenti, dans une certaine mesure, l’onde de choc venue d’Ankara, avec des perdants et un grand gagnant. Tour d’horizon.
Les valeurs bancaires
Les banques turques semblent les plus vulnérables dans la situation actuelle, car elles ont prêté à des entreprises qui se sont aussi fortement endettées en dollar. La baisse de la livre turque rend plus difficile le service de la dette libellée en devises étrangères, ce qui augmente mécaniquement le risque de défaut auprès des banques turques. L’endettement global de la Turquie en devises étrangères est supérieur à 50% du PIB, et la majorité de cette dette est assumée par des entreprises, précise CNBC.
Les banques espagnoles sont également en première ligne puisqu’elles sont les plus exposées au système financier turc, selon des données de la Banque des règlements internationaux (BRI) et JP Morgan Asset Management. L’action BBVA (MC:BBVA), deuxième groupe bancaire d’Espagne et d’Amérique latine, a réalisé 14% de son profit du 1er semestre en Turquie rappellent les analystes de Jefferies.
Unicredit (MI:CRDI) et BNP Paribas (PA:BNPP) sont aussi particulièrement concernées, selon le Financial Times. Pour ne citer qu’elle, la Banque française détient par exemple 72% de Türk Ekonomi Bankasi (TEB), une des principales banques privées du pays.
Le sentiment du marché
Mais, la crise turque a surtout joué sur le sentiment du marché, a déclaré Sat Duhra, gestionnaire de portefeuille chez Janus Henderson, sur la chaîne américaine CNBC.
Les récents événements monétaires en Turquie ont principalement ajouté "un peu plus de carburant sur le feu, à un moment où les investisseurs doivent déjà gérer la guerre commerciale entre les États-Unis et le reste du monde, le mouvement de hausse des taux d’intérêt initié par la Fed et le coup de mou économique en Chine", a-t-il expliqué.
Les marchés émergents
Dans ce contexte, les marchés émergents ressortent comme les plus grandes victimes, les investisseurs craignant que plusieurs autres pays, en premier lieu ceux avec une faible position financière, ne suivent le même chemin la Turquie. La roupie indienne et le peso argentin ont ainsi touché leur plus bas niveau face au dollar.
Même s’ils sont en meilleure position financière qu’il y a 20 ans, la crise turque a également fragilisé des pays comme le Brésil et l’Afrique du Sud, qui affichent un important déficit des comptes courants, selon le Wells Fargo (NYSE:WFC) Investment Institute, un département de la banque américaine Wells Fargo.
Le dollar
Au rayon des gagnants, ou plutôt du gagnant : le dollar, qui a profité à plein du mouvement d’aversion pour le risque, aidé par une économie américaine en grande forme et des taux d’intérêt plus élevés. Ces derniers devraient encore progresser, comme l’a laissé entendre la Réserve fédérale américaine, ce qui devrait consolider la position du billet vert. La monnaie américaine a gagné 4,9% depuis le début de l’année face à un panier de six devises mondiales de référence, selon l’indice dollar (US Dollar Index).