Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La séance de mercredi s’est achevée par une nouvelle cascade de records annuels en Europe, mais aussi à Wall Street où le Nasdaq a aligné une huitième séance de hausse consécutive, du jamais vu depuis six mois. Quant aux actions américaines dans leur ensemble, elles paraissent bien parties pour aligner une neuvième semaine de hausse d’affilée !
De surcroît, ce nouvel épisode du « rally haussier de la décennie » se matérialise en l’absence de toute publication de statistique à même d’expliquer une réponse d’ordre émotionnelle, aussi bien sur les indice boursiers que sur les marchés obligataires et sur les matière premières.
L’or a flambé
Et pourtant, le pétrole poursuit son ascension (le Brent a franchi le cap des 67$), tandis que l’once d’or a grimpé de 2,2% vers 1 345$, un nouveau record annuel… et un redémarrage en trombe après un épisode de consolidation parabolique (dont le périgée se situait vers 1 305$) qui s’est déroulé sur deux semaines (après plafonnement sous les 1 325$).
Le métal précieux a même retracé ses meilleurs niveaux depuis début mai 2018 et s’est rapproché de ses planchers de début février et de la mi-mars 2018, dernière étape avant le retracement du zénith des 1 400$ (en intraday) du 21 janvier 2018.
Du côté de la FED, les fameuses « Minutes » (c’est-à-dire les dernières délibérations de son comité de politique monétaire) ont été publiées hier soir et tout s’est déroulé comme si certains investisseurs faisaient le pari (ou avaient déjà l’assurance) que l’institution allait confirmer une pause dans sa remontée des taux et dans son programme de liquidation d’actifs pour une durée indéterminée.
Un statu quo probable en l’absence de certitudes économiques
Pour autant, la posture de la FED n’est peut-être pas aussi « colombe » que Wall Street l’espérait, ses membres restant divisés concernant la nécessité de relever les hausses de taux à court terme, alors même que toutes les déclarations recensées ces derniers jours allaient dans le sens d’un statu quo prolongé. Reste que les « faucons » ne se sont pas exprimés depuis un mois et qu’on peut légitimement se demander s’il faut interpréter ce silence comme une évolution vers une approche plus accommodante.
Les membres de la FED peuvent-ils seulement faire état d’une ébauche de vision des tendances économiques pour les six voire les trois prochains mois ? Révélatrice de ce « pt’têt ben qu’oui, pt’êt ben qu’non » est cette sortie du vice-président de la Réserve fédérale américaine (le bras droit de Jerome Powell) Richard Clarida dans une interview accordée à nos confrères de CNN : « Jusqu’à présent, nous devons admettre qu’il nous manque des données dont nous disposons habituellement… Donc on ne sait même pas à quel point un ralentissement est – ou non – sur le point de se produire dans l’économie. »
Les marchés obligataires ont préféré retenir ce passage : « nous pouvons nous permettre d’être patients avant de décider du prochain ajustement ou d’un maintien des taux… dont le niveau semble pour l’heure approprié. »
En d’autres termes, la FED ne bougera très probablement pas avant la fin du semestre, ce qui suppose que les rendements resteront collés au plancher. Et vous connaissez tous l’équation : « taux bas X hausse des flux financiers = chute des rendements obligataires »… et hausse symétrique de l’or.