Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Les entreprises du CAC40, du SBF 120, de l’Eurostoxx 600 regorgent de cash et les relais de croissance ne semblent pas si nombreux. La hausse du trafic aérien est prévue dans les projections jusqu’en 2030 : il va falloir former plus de 250 000 pilotes dans les 10 prochaines années, et cela fait des dizaines de milliers d’avions supplémentaires à faire transiter par les principaux hubs de la planète. Les aéroports de Paris, gérés par ADP, vont voir la fréquentation des aérogares augmenter de façon exponentielle pendant encore plusieurs années. Les architectes planchent sur des extensions (Vinci fait partie des principaux opérateurs mondiaux sur ce genre de bâtiments) et le rachat d’ADP par Vinci serait un bel exemple de diversification et d’intégration verticale.
L’histoire serait parfaite si la PAF (police des airs et des frontières) ne persistait pas à mobiliser deux seuls fonctionnaires (1 pour les passeports France et espace Shengen, 1 pour le reste du monde) lorsqu’un A-380 déverse ses 400 à 450 passagers qui vont faire le pied de grue pendant des heures devant 2 guichets ouverts sur les 10. La raison est évidente : la France manque cruellement de fonctionnaires là où elle en a besoin. Mais refermons cette peu glorieuse parenthèse des formalités les plus pénibles que l’on puisse affronter dans un aéroport du monde développé pour en revenir aux rumeurs de rachat d’ADP par Vinci : il existe un tout petit obstacle qui s’appelle la participation majoritaire de l’État (à 50,6%).
Vinci pourra-t-il racheter ADP ? pas sûr !
Vinci détient déjà 8% de ADP ; il lui faudrait donc convaincre le gouvernement qu’ADP doit être privatisé pour le plus grand bonheur des passagers, des compagnies aériennes internationales… et des actionnaires (après tout, l’Etat gagnerait encore bien sa vie en ne détenant plus 49,9% au lieu de 50,6%).
Mais ne soyons pas naïfs : Vinci ne mettra jamais la main sur les 41,4% de titres détenus par les autres acteurs du secteur privés. Eh oui, les institutionnels anglo-saxons seraient tout heureux de posséder des titres d’un groupe privatisé enfin libre de fixer ses tarifs et redevances.