Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Spectaculaire et inattendue, la récente augmentation de capital d’Akka Technologies a fait exploser l’action de l’ESN à la hausse. Notre expert des petites et moyennes capitalisations Eric Lewin décrypte cette opération hors du commun.
Je suis l’actualité boursière avec beaucoup d’assiduité depuis plus de trente ans, mais je n’avais encore jamais vu cela ! Fondé et dirigé par Maurice Ricci, le spécialiste des prestations de conseil et d’ingénierie en haute technologie Akka Technologies vient de réussir un authentique coup de maître.
Un coup qui a fait grimper l’action de plus de 39% mercredi à la clôture, ramenant ainsi sa perte depuis le 1er janvier à un peu plus de 67%.
L’augmentation de capital de 200 M€ qu’a lancé Akka Technologies, ESN actuellement en difficulté en raison de sa forte présence dans les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile, ébranlés l’un comme l’autre par la crise sanitaire, sera souscrite à hauteur de 150 M€ par CNP, la société d’investissement belge de la famille de feu Albert Frère, et de 50 M€ par le groupe familial Ricci. Surtout, son prix de souscription de 22,50 € (prime d’émission incluse) matérialise une prime impressionnante de 43% comparativement au dernier cours de Bourse.
Une surcote impressionnante
Or, ce genre d’opération se traduit le plus souvent par une décote. Ce n’est donc pas le cas ici et on peut d’ores et déjà parler de réussite pour une société qui va voir son bilan sensiblement renforcé et son tour de table intelligemment évoluer. Bien qu’actionnaire de poids, CNP ne va en effet pas prendre le contrôle d’Akka Technologies, la famille conservant 51,9% des droits de vote.
Il y a aura certes une dilution de 28% qui n’est pas anodine, mais cette levée de fonds éloigne les spectres d’une OPA et d’une recapitalisation dans un contexte économique difficile pour le groupe. Les comptes du premier semestre ont ainsi été marqués par une perte nette de 57,4 M€ et par un repli de 20,3% du chiffre d’affaires par rapport aux six premiers mois de 2019.
On peut dès lors se demander pourquoi CNP a accepté de payer une surprime. Pour le comprendre, il faut rappeler que le holding belge a à ses côtés le fondateur d’Akka Technologies, ce qui est un gage de crédibilité, est un actionnaire de long terme loin de naviguer à vue.
Il n’y a pas ici de logique court termiste et ces fameux 22,50 € par action, un prix certes nettement plus élevé que le dernier cours de clôture de 15,74 €, sont à relativiser dans la mesure où le titre a culminé à 68,50 € cette année. Si d’aventure la pandémie de Covid-19 devait perdre de sa vigueur, le rattrapage boursier serait extrêmement spectaculaire.
Bref, cette opération retentissante semble plus que jamais dans l’intérêt de chacun…