Face à la hausse démesurée des crypto-monnaies, et à leur extrême volatilité, il devient difficile pour les magnats de la finance, les économistes et les gouvernements de les ignorer, et c’est particulièrement vrai en ce qui concerne le Bitcoin.
Tout au long de l’année dernière, plusieurs acteurs clés du marché, certains d’entre eux d’éminents investisseurs, ont soulevé des inquiétudes au sujet de cette classe d’actifs, critiquant la notion de monnaie digitale, pour au final presque inexorablement finir par afficher une certaine forme de conviction dans le concept.
Certains de ces investisseurs, bien que toujours critiques vis-à-vis du concept de devises alternatives, ont néanmoins à un certain point – en le sachant ou non – investi dans des entreprises directement ou indirectement exposées à l’industrie des crypto-monnaies.
Les 5 étapes du deuil appliquées aux crypto-monnaies
On entend souvent parler des 5 étapes du deuil : Déni, Colère, Négociation, Dépression, et finalement Acceptation, et ces étapes semblent bien illustrer le processus de « conversion » des crypto-sceptiques.
Ceux-ci semblent en effet avoir changé d’avis sur une période de temps relativement courte. Ci-dessous, nous évoquerons plusieurs investisseurs de renom, des économistes et des représentants de gouvernements, qui traversent clairement les différentes étapes de ce cycle.
George Soros
En janvier dernier, George Soros s’est joint à plusieurs investisseurs lors du forum économique mondial de Davos pour définir le Bitcoin comme une bulle. Toutefois, en Avril 2018, il a été révélé qu’un des fonds appartenant à Soros a approuvé le trading de crypto-monnaies. Cela constitue pour le moins un rapide volte-face.
Bien sûr, on peut aussi penser que Soros n’a pas voulu dévoiler son jeu à Davos pour pouvoir se positionner tranquillement avant que le cours ne progresse face à l’annonce de son implication.
Jamie Dimon
Jamie Dimon, CEO de JP Morgan Chase a été encore plus dur à l’égard du Bitcoin, déclarant en septembre 2017 :
« C’est une fraude. Si un trader de JP Morgan se met à trader le Bitcoin, il sera renvoyé dans la seconde. Pour deux raisons : C’est contre nos règles, et c’est stupide. Et les deux sont dangereux. »
Cependant, au cours d’une interview accordée à Fox Business en janvier 2018, Dimon a rétropédalé plutôt vigoureusement :
« Je regrette mes commentaires affirmant que le Bitcoin est une fraude… La Blockchain est réelle. Il est possible d’avoir des crypto yens ou dollar etc »
Une des raisons de ce retournement pourrait être liée à la révélation qu’en octobre dernier, JP Morgan a déposé un brevet lié à la technologie blockchain.
Warren Buffet
Durant la réunion annuelle de son fonds Berkshire Hathaway, Warren Buffet a comparé le Bitcoin à de la mort-aux-rats, et ce n’était pas la première fois qu’il critiquait publiquement la start des crypto-monnaies..
En octobre 2017, il avait en effet déclaré que « les gens s’enthousiasment des forts mouvements de prix, et Wall Street agit en fonction… On ne peut pas valoriser le Bitcoin parce qu’il ne produit rien. » Il n’en reste pas moins que Buffet a déjà investi dans la technologie derrière le Ripple, via plusieurs de ses participations dans des banques, en particulier Bank of New-York Mellon, intéressée pour utiliser la technologie ledger pour son système de paiements global.
Nouriel Roubini
Il reste toutefois toujours un grand nombre de crypto-sceptiques, qui continuent de réfuter l’intérêt que peuvent avoir les crypto-monnaies pour les investisseurs. Le très célèbre économiste Nouriel Roubini a été assez véhément envers le Bitcoin, déclarant dans un article publié en Mars dans le Guardian que :
« C’est la mère de toutes les bulles, et également la plus grosse bulle de toute l’histoire de l’humanité ; Le Bitcoin a désormais plongé de 60% depuis se spics de mi-décembre, et la valeur fondamentale du Bitcoin est de zéro. »
Ben Bernanke
Mais Roubini pourrait être l’un des derniers représentant des crypto-sceptiques. Ben Bernanke, ancien président de la Fed, a par exemple prévenu :
« Le Bitcoin est une tentative de remplacer les monnaies fiat et d’éviter la régulation et l’intervention des gouvernements. Je ne pense pas que cela sera un succès. »
Mais malgré ce dedain, Bernanke a aussi admis avoir un avis positif sur la techologie Blockchain, même si son sentiement sur le Bitcoin reste mitigé
Scott Scheper, de XYO Network, pense que qu’ils le veuillent ou non, à mesure que le temps passe, tous les investisseurs seront exposés d’une manière ou d’une autre aux crypto-monnaies.
L’erreur de Buffet au sujet du Boom Internet
Sheper pointe également le fait que Warren Buffet est passé à côté du Boom des Entreprises liées à Internet :
« Durant le Boon des DotCom, Buffet est resté à l’écart des entreprises liées à Internet, en partie car c’est un fondamentaliste qui n’utilise même pas d’ordinateur au bureau, et largement car il n’était pas intéressé par la technologie en question. Cela l’a entrainé à laisse passer l’opportunité de Google (NASDAQ:GOOGL), et Amazon (NASDAQ:AMZN), bien qu’il ait été approché par les fondateurs de l’une et de l’autre pour investir dans ces entreprises »
Lors de la réunion annuelle 2018 de son fonds Berkshire Hathaway, Buffet a admis son erreur : « j’ai pris les mauvaises décisions pour Google et Amazon. »
Buffet semble toutefois avoir retenu la leçon, puisqu’il a finalement annoncé en Mars avoir acheté pour 75 millions de dollars supplémentaires d’actions Apple (NASDAQ:AAPL), pour un total de 240 millions de dollars, soit 5% de la firme à la pomme.
Scheper pense que le déroulement sera le même pour Buffet et les crypto-monnaies. C’est simplement une question de temps avant qu’il n’investisse directement dans des crypto-monnaies, ou prenne une participation significative dans des entreprises liées à cette industrie. Et on connait bien la capacité de Buffet à être suivi par la masse des investisseurs…