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L’orage boursier se poursuit

Publié le 03/05/2022 07:29
Mis à jour le 09/07/2023 12:32
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Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr

Un « flash krach » exceptionnel de -200 points est survenu sans crier gare ce matin, à Paris et en Europe… au lendemain de la pire séquence boursière de Wall Street. Pour Philippe Béchade, les banques centrales pourraient être en train de commettre des erreurs de politique monétaire…

Le CAC40 entame le mois de mai par un trou d’air (-3,5% vers 10H, avant un rebond vers -2%, un flash krach inexpliqué) et menace le support des 6 400/6 420, au lendemain de la pire séquence « portes de saloon » – et potentiellement la plus dévastatrice, nous verrons bien – qui vient de se matérialiser à Wall Street les 28 et 29 avril.

La séance de vendredi fut le symétrique de la veille : une rechute en mode capitulation, succédant à une hausse en mode « rally » (plus beau gain du S&P500 depuis un an).

Ce qui a marqué les esprits, c’est que le Nasdaq-100 (-4,5%) a enregistré sa plus lourde chute de l’année, dans le sillage d’Amazon (NASDAQ:AMZN) (-14%) qui a effacé 200 Mds$ de capitalisation (Jeff Bezos voyant sa fortune personnelle fondre de 35 Mds$, et celle de son ex-épouse – seconde plus grosse actionnaire du groupe – se désagréger de plus de 20 Mds$).

Mais le pullback de Wall Street serait sans conséquence profonde, si les supports court et moyen terme n’avaient pas volé en éclats, au cours des 90 dernières minutes de la séance si particulière de ce 29 avril, la dernière du mois calendaire. Celle-ci s’est déroulée « complètement à l’envers » du scénario habituel, où il est devenu habituel de « tirer les cours » (et non de les pulvériser) pour bien finir le mois.

Et c’est, en fait, le pire mois d’avril jamais observé sur le S&P500 : -7,8% dont -3,6% à 4 132 en ce 29 avril.

Mais le Nasdaq Composite a fait bien pire avec -4,2% à 12 334, soit -13,2% mensuel (pire mois d’avril du XXIe siècle), puis -21,2% annuel.

Les spéculations vont bon train concernant une potentielle hausse de 75 points du taux directeur par la Fed (soit 100 points de base d’ici 72H) ce 4 mai, et qui serait suivie de deux fois 50 points supplémentaires.

La Fed devrait se contenter de +0,5% et susciter un « effet soulagement » mercredi.

Et en plus, turbulence obligataires déjà commentées dans de précédentes éditions, voici que la situation s’emballe du côté des devises.

Quand les écarts deviennent trop brutaux, cela signifie que les anticipations sont mal « ancrées » par les banquiers centraux.

Et quand la volatilité s’empare du marché des changes, où les capitaux mis en jeu au quotidien sont colossaux, l’ensemble des marchés ne tardent pas à être assaillis de doutes.

En l’occurrence, la question sur toutes les lèvres est la suivante : les banques centrales ne sont-elles pas en train de commettre des erreurs de politique monétaire ?

N’ont-elles pas trop tardé à réagir face à l’inflation, voire ne sont-elles pas en train d’avouer qu’elles n’y peuvent rien, parce que la riposte monétaire est peu efficace contre les chocs inflationnistes externes (ce qui est admis par une majorité d’économistes) ?

Mais un aveu d’impuissance est clairement le message que la Fed et la BCE doivent absolument éviter d’envoyer aux marchés.

Mieux vaut encore expliquer comme Shinzo Abe (l’ex-1er ministre japonais de décembre 2021 à septembre 2020) au début de son second mandat qu’il sacrifie – délibérément – le Yen et souhaite le voir chuter de 80 vers 130 face au dollar… ce qui vient justement de se produire la semaine dernière.

Bien sûr, une telle stratégie est totalement inenvisageable en Europe avec une Bundesbank – très influente au sein de la BCE – pour laquelle la solidité de l’euro et la stabilité de son pouvoir d’achat sont un totem, et l’inflation un tabou absolu.

En ce début de semaine, les investisseurs font face à un autre problème encore plus immédiat : de forts signaux de ralentissement en provenance de la Chine dont l’indice des directeurs d’achat (IDA) du secteur non-manufacturier a dévissé de 48,4 vers 41,9 en avril, un plongeon comparable à celui observé au début de la pandémie en avril 2020.

L’indice IDA du secteur manufacturier est ressorti en forte baisse à 47,4 : il bascule lui aussi sous le seuil technique des 50, lourdement pénalisé par le confinement de près d’un quart de la population chinoise vivant dans les principales métropoles (qui génèrent 40% du PIB chinois).

Et pour finir de noircir le tableau, l’UE s’apprête à adopter de façon imminente une résolution décrétant l’embargo sur le pétrole russe (ce qui propulse le cours du Brent vers 110 $).

L’annonce pourrait être faite d’ici mercredi, alors que la Fed annoncerait le premier relèvement de 50 points d’une série de 3… au minimum.

Le CAC40 teste le support des 6 400 et tente d’échapper à une rechute sur 6 110, l’ex-zénith du 19/02/2020, puis le plancher des 5 900 des 7 et 8 mars.

L’Euro-Stoxx50 (-2%) rechute au contact du récent support des 3 720 du 26 et 27 avril. Une cassure validerait le scénario du retour sur le plancher annuel des 3 383 du 7 mars (ex-zénith du 20 juillet 2021).

Plus largement, la cassure des 3 720 restaure le scénario d’une correction de 50% de la hausse « quoi qu’il en coûte » de 2 300 vers 4 400, soit un objectif de 3 350.

Cette journée de lundi sera probablement décisive, à moins que Wall Street parvienne à invalider les signaux de rupture de vendredi soir.

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