Investing.com – L’Italie doit rendre aujourd’hui à la Commission Européenne les détails son projet de budget 2019, dont les grandes lignes ont déjà été dévoilées depuis plusieurs semaines, ce qui a donné lieu à une vague d’inquiétude sur les marchés, et à des critiques de la part de l’UE.
Mais l’Italie tient tête, et entend bien déposer aujourd’hui un budget qui permettra à la coalition populiste au pouvoir de remplir le plus de promesses électorales possible, à moins d’un coup de théâtre suite à la réunion du gouvernement italien prévue aujourd’hui à 17h, pour finaliser les derniers détails avant l’envoi à la Commission Européenne.
Le budget proposé par l’Italie devrait donc inclure un déficit public de 2.4% du PIB, un déficit bien supérieur à ce qui avait été promis à l’UE par le précédent gouvernement.
Et si le sujet du déficit public est si sensible pour l’Italie, c’est parce que la dette du pays prend des proportions inquiétantes. Elle atteint en effet actuellement le montant de 2300 milliards d’Euros, soit 131% du PIB, ce qui fait de l'Italie le second pays le plus endetté de la Zone Euro.
Or, la Zone Euro a fixé une limite à 60% du PIB pour chaque pays, et la dette publique moyenne, bien que supérieur à cette limite, à 86.5%, reste bien en dessous du niveau de celle de l’Italie.
A quoi doit-on s’attendre ?
L’Italie va donc déposer son projet de budget auprès de l’UE aujourd’hui. Les institutions européennes auront ensuite jusqu’à la fin du mois pour formuler une réponse.
Compte tenu des déclarations récentes de la part d’officiels de l’UE, il semble qu’il y ait peu de chances pour que le budget soit accepté tel quel, et l’UE pourrait donc demander à l’Italie de revoir sa copie.
Il faut cependant souligner que le gouvernement italien a déjà répété plusieurs fois qu’il ne fera pas marche arrière en ce qui concerne l’objectif de déficit public de 2.4% du PIB en 2019, qui devrait participer à soutenir la croissance, selon lui.
Notons également que l’UE devrait se montrer d'autant plus méfiante vis-à-vis des prévisions budgétaires de l’Italie, qu'elles s'appuient sur des prévisions de croissance bien trop optimistes selon le FMI et la plupart des économistes.
L’UE va-t-elle accepter ce déficit public ?
C’est possible. La France par exemple présente un déficit public qui dépasse les 3% du PIB depuis 9 ans, et n’a jamais été sanctionnée. L’Espagne et le Portugal ont également échappé aux sanctions en 2016 après avoir dépassé les clous.
Le cas de l’Italie est cependant largement différent, avec une économie plus dégradée, une dette énorme, et surtout avec un gouvernement populiste au pouvoir, ce qui rend la politique italienne et le futur des finances du pays incertains.
L’UE pourrait donc aussi rester ferme vis-à-vis de l’Italie, pour éviter que les marchés ne commencent à penser que les règles ne sont pas vraiment là pour être respectées. Toutefois, compte tenu du profil politique et de la personnalité des dirigeants italiens actuels, il y a fort à parier pour que la question de sortie du pays de la Zone Euro revienne sur la table si l'UE se montre intransigeante, ce qui serait encore plus problématique pour la confiance en Europe...
Notons pour finir que le verdict final en ce qui concerne le budget italien sera rendu le 9 décembre suite à une réunion des 19 ministres des finances de la Zone Euro, qui devraient suivre l’avis de la Commission Européenne, qui sera donc connu au cours des prochaines semaines.