Cette semaine, les marchés boursiers ont entamé un rebond après un mois de mai catastrophique. Les investisseurs se sont surtout focalisés sur les déclarations du président de la Banque Centrale Européenne et de celui de la Réserve Fédérale américaine. Après l’annonce désastreuse des chiffres du chômage, vendredi dernier, aux Etats-Unis et en Zone Euro, les indices actions ont nettement creusé leurs pertes. L’incertitude était tellement forte que les investisseurs se sont rués vers les actifs les plus sûrs à savoir les obligations d’Etat américaines et allemandes dont les taux ont atteint des niveaux records à respectivement 1,49% et 1,17%. L’économie américaine a seulement créé 69 000 emplois au cours du mois de mai et le taux de chômage est remonté à 8,2%. En zone euro, le taux de chômage a atteint 11%, soit le niveau le plus élevé depuis 1995. Et pour couronner le tout, les mauvaises nouvelles ne sont pas seulement venues de l’Europe et des Etats-Unis mais également de la chine où l'économie ne cesse de montrer des signes de dégradation. En effet, l’indice PMI non manufacturier est ressorti en baisse à 55,2 contre 56. Face à ce flot de mauvaises nouvelles et face aux perspectives non rassurantes sur la zone euro qui menace d’imploser, les investisseurs ont spéculé sur une intervention rapide des différentes banques centrales.
Sur le marché européen, malgré la fermeture de la bourse londonienne, les indices actions de la zone euro ont entamé un rebond. Les investisseurs étaient dans l’attente d’une intervention de la BCE. Réunie mercredi, la BCE a fait le choix de laisser ses taux inchangés malgré un climat très incertain. Au cours de son discours, Mario Draghi a estimé que c’était aux dirigeants européens de prendre leurs responsabilités et d’engager des mesures fortes pour faire face aux différents scénarios envisageables. Ainsi, les dirigeants politiques seront donc très attendus lors du prochain Sommet Européen prévu le 28 et 29 juin prochain. Après la mise en place de deux LTRO, le BCE ne veut pas prendre le risque de lancer un troisième LTRO, tout au moins pour le moment et préfèrera attendre début juillet pour intervenir. Cependant, une intervention coordonnée des banques centrales après les élections législatives de la Grèce, le 17 juin prochain, n'est pas exclue. Après les déclarations de Mario Draghi, les indices actions ont évolué de manière très volatiles en milieu de semaine. Après un rebond de plus de 2% mercredi sur le CAC40, la marché parisien reperdait environ 1% le lendemain. En outre, les pressions sur l’Espagne sont toujours aussi fortes. Malgré une adjudication réussie, la péninsule ibérique a du se financer avec un taux en hausse à 6,044% contre 5,743%. Par ailleurs, l’agence de notation financière Fitch a abaissé la note souveraine de 3 crans à BBB contre A avec une perspective négative exerçant une pression supplémentaire sur les taux d’intérêt. Même si l’Espagne n’a pas encore demandé d’aide auprès de l’Union européenne pour recapitaliser ses banques, une avancée européenne sur cette question est devenue une nécessité majeure.
Sur le marché américain, la tendance des indices actions a été la même que sur les marchés européens. Les investisseurs attendaient avec impatience les déclarations de Ben Bernanke avec l’espoir d’une mise en place d’un nouveau plan d’assouplissement (QE3). Hors, la FED n’a pas donné d’indications claires sur un possible prolongement de ses mesures d’assouplissement quantitatif. Les marchés ont été déçus et ont fini en baisse jeudi à la clôture de Wall Street. Cependant, Ben Bernanke a une nouvelle fois rappelé que la FED se tenait prête à intervenir si l’économie américaine devait faire face à de nouvelles tensions financières. La marge de manœuvre des banques centrales est de plus en plus limitée. Il semblerait que les Banques Centrales des économies occidentales (FED, BCE et Banque d’Angleterre) préfèrent attendre le résultat des élections grecques et intervenir uniquement en cas de choc brutal. Dans ce contexte, le rebond des indices actions entamé en début de semaine s’est légèrement réduit après les déclarations de Mario Draghi et Ben Bernanke. Néanmoins, l’ensemble des marchés actions finissent sur une note positive. En rythme hebdomadaire, la CAC40 et l’Eurostoxx 50 gagnent respectivement plus de 3,7% à 3 040 points et plus de 3,6% à 2 126 points. Outre-Atlantique, le S&P500 est hausse de 2,6% à 1 308 points, le Dow Jones gagne plus de 2,9% à 12 420 points et le Nasdaq 100 plus de 2,7% à 2 520 points.
Forex :
Sur le marché des devises, la tendance est haussière cette semaine pour la monnaie unique mais a recommencé à chuter jeudi en milieu d’après-midi suite au discours du président de la FED Ben Bernanke. De nombreux événements importants et suivis de très près ont eu lieu cette avec un impact fort sur les cours des principales paires de devises. Le début de semaine a été marqué par les différentes conférences du G7 et G20, réunis pour discuter de l’état de l’Europe et de la crise de la zone euro. La conférence téléphonique entre les ministres des finances du G7 a eu lieu mardi dans la journée où il était question de la situation grecque et surtout de la crise bancaire espagnole. Le G7 a poussé l’Europe à renforcer son système bancaire dans les prochaines semaines. En effet, les banques espagnoles sont dans une situation critique et la pression monte de plus en plus en cette fin de semaine pour un plan de sauvetage. L'agence de notation Fitch a dégradé de trois crans la note de l'Espagne de «A» à «BBB», l'assortissant d'une perspective négative. Parmi les raisons évoquées par Fitch figure le coût de la restructuration des banques, estimée entre 50 et 100 milliards d'euros. De son côté l’agence Standard & Poor’s pense que les banques ibériques devraient essuyer entre 80 et 112 milliards d’euros de pertes sur crédits d’ici 2013. Madrid, de son côté se finance toujours à des coûts très élevés ayant emprunté ce jeudi sur les marchés 2,07 milliards d’euros à un taux de plus de 6% sur dix ans. En comparaison, la France a levé 7,83 milliards d’euros à un taux de 2.46% sur dix ans et a pour une première fois depuis 2010 émis des titres de dette sur cinquante ans. Le discours du président de la BCE Mario Draghi était de même très attendu. Celui-ci a annoncé le maintien des taux directeurs à leur niveau actuel tout en réitérant son soutien aux banques européennes.
Ce jeudi, les investisseurs attendaient avec impatience le discours du président de la FED. Ceux-ci s’attendaient à un nouvel assouplissement monétaire pour relancer l’économie américaine mais rien n’a été annoncé de ce côté-là, ce qui a déçu une majorité d’entre eux. Ben Bernanke a juste déclaré que la croissance économique des Etats-Unis devrait se poursuivre à un «rythme modéré», ce qui ne présage aucune modification de la politique monétaire américaine à court terme. Dans ce contexte, l’euro face à sa principale contrepartie qu’est le dollar a bien été porté cette semaine touchant même les $1.26 ce jeudi mais est reparti à la baisse à la suite du discours du président de la FED pour revenir à $1.2460 ce matin. La paire GBPUSD, qui était bien montée cette semaine était de même chahutée ce jeudi suite au discours de Mr Bernanke et la livre sterling revenait ce matin à $1.5418. Du côté asiatique, la paire USDJPY a connu une bonne semaine passant au-dessus des 79.60 yens mais a recommencé à chuter la nuit de jeudi à vendredi revenant à 79.18. Quant à la parité euro contre yen japonaise, le scénario a été pratiquement le même augmentant cette semaine et rechutant la nuit dernière revenant à 98.602. Dans le reste du monde, l’Australie a publié en début de semaine un PIB bien au-delà des attentes pour le premier trimestre 2012 porté par de fortes dépenses des ménages et des entreprises. Face au dollar, il s’apprécie légèrement depuis jeudi mais a littéralement explosé depuis le début de semaine et vient s’échanger ce vendredi à $0.98464. Concernant la paire NZDUSD, celle-ci a aussi fortement augmenté depuis le début de semaine malgré un repli depuis jeudi et venait s’échanger ce vendredi à $0.76366.
Matières premières :
Au chapitre des matières premières, la semaine a été de même assez mouvementée. Après de nombreuses semaines de baisse, l’or et le pétrole avaient quelque peu repris des couleurs en début de semaine, les investisseurs étant confiants dans les décisionnaires pour prendre des mesures concrètes pour relancer l’économie. L’or semblait même progressivement retrouver son statut de valeur refuge. Mais les choses se sont retournées ce jeudi à la baisse. Les investisseurs craignent que les économies chinoises et américaines ralentissent et en conséquent, que la demande de pétrole provenant de ces pays qui en sont les deux plus gros consommateurs au monde va baisser. De plus, la crise de la zone euro et la situation bancaire espagnole pèsent toujours sur les investissements. Le discours du président de la FED n’a pas abouti à un assouplissement monétaire et a remis en évidence le fait que la crise européenne représente un risque majeur pour la santé économique mondiale. De plus, la Chine qui doit abaisser ce vendredi ses taux directeurs a publié des chiffres macroéconomiques qui semblent plus inquiétants que ce qu’avait prévu le gouvernement. Ces chiffres concernent l’inflation, les investissements et la production. En conséquent, le pétrole qui se maintenait depuis le début de la semaine a fortement chuté depuis jeudi dernier. Le Crude perd aujourd’hui 1.04% et a perdu 0.55% depuis le début de semaine à $82.78 le baril. Le Brent ne fait pas mieux et abandonnait ce matin 0.92% (-0.40% sur la semaine) à $98.30. L’or dégringole à nouveau et perdait 3.41% sur la semaine et valait ce matin $1569.60 l’once. Quant à l’argent, la perte sur la semaine est de 1.90% et s’échangeait $27.94.