Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Etant donné la superficie de cette région administrative, à peine plus de 1 100 kilomètres carrés, d’aucuns pourraient trouver surprenant de voir les tensions à Hong Kong avoir une incidence sur les marchés actions.
Par ailleurs, ce territoire ne pèse plus aujourd’hui que 3% du PIB de la Chine, six fois moins que lors de sa rétrocession à l’Empire du Milieu en 1997.
Toutefois, ces données « brutes » n’ont guère de pertinence et il faut d’abord retenir que de nombreux dignitaires du régime chinois y ont investi des sommes conséquentes, que ce soit dans les fonds ou dans la pierre. De fait, aucun d’entre eux n’a envie de vivre un krach boursier ou immobilier.
Pléthore de sociétés chinoises sont de surcroît cotées à Hong Kong, qui est aujourd’hui la troisième place financière mondiale et dont le secteur financier contribue à hauteur de 17% au PIB global. La région administrative spéciale est en outre la quatrième place mondiale en termes d’activité sur le marché des changes et des dérivés, derrière Londres, New York et Singapour.
Dès lors, on comprend mieux les inquiétudes des investisseurs face au différend qui l’oppose à Pékin, lequel n’est pas sans impact pour un secteur en particulier : celui du luxe.
Le secteur du luxe sous pression
A cet égard, le décrochage des ventes de détail de 25,3% en glissement annuel en août (qui a fait suite à une précédente baisse déjà conséquente de 13,1% le mois précédent), avec même une chute de 47% dans la joaillerie, est extrêmement préoccupant.
Et dans l’hypothèse crédible d’une poursuite des manifestations jusqu’à la fin de l’année, les géants du luxe pourraient déplorer des baisses de chiffre d’affaires dans l’île entre 30 et 60%, avec un impact sur leurs bénéfices compris entre 3 et 5%.
Plus largement, les dernières données révélées par l’enquête IHS Markit pour le secteur privé ont été désastreuses et témoignent d’une violente contraction de l’activité. Le PMI est en effet ressorti à 41,5 points au titre du mois clos, bien en dessous donc du seuil des 50 points qui distingue ralentissement et expansion.
L’emploi, la production et les stocks se sont tous repliés en septembre, les commandes en provenance de Chine s’écroulent et les perspectives sur un an sont au plus bas depuis sept ans et demi…
Quant aux touristes, ce ne sont pas eux qui viendront « sauver » Hong Kong dans l’immédiat, leur nombre ayant plongé de 39% en rythme annuel en août.
Des « fondamentaux » solides
A la lecture de ces indicateurs, il y a tout lieu de s’interroger sur la croissance, qui était en hausse de 0,5% au deuxième trimestre, mais pourrait bien devenir négative au terme de la période juillet-septembre.
On comprend mieux aussi pourquoi le Hang Seng, l’indice boursier local, est tout juste stable depuis le début de l’année, alors que la plupart de ses pairs ont fortement progressé dans cet intervalle.
Pour fragilisée qu’elle soit aujourd’hui, la région administrative spéciale conserve cependant de précieux atouts. Parmi eux, un PIB par habitant de 50 000 $, cinq fois supérieur à celui de la Chine et une situation budgétaire tout à fait exceptionnelle, avec une dette publique qui représente… 0,1% du PIB et des excédents budgétaires cumulés qui pèsent plus de 137 Mds$, c’est-à-dire plus de 40% du PIB.
De quoi tout de même voir venir…