Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le troisième étage de la fusée Nasdaq Composite vient de se détacher et la mise en orbite est confirmée. A 6 200 points, le Nasdaq vient de passer les dernières couches de la stratosphère. Il n’y a plus d’air et plus aucun frottement pour freiner l’indice… mais sur ces niveaux, la probabilité que la poussée s’arrête (ou du moins ne temporise) devient forte. Regardez sur le graphique ce qui me fait dire cela :
sur le long terme, le troisième étage de la fusée atteint l’objectif de la projection par report d’amplitude (flèches orange verticales). C’est la résistance horizontale violette. Le Nasdaq est un indice volatil et en U.T. trimestrielle les mèches de bougies transpercent parfois les zones de support ou de résistance… mais ils sont toujours validés ;
depuis 2009, le Nasdaq est donc haussier dans un canal parfaitement identifié (vert)… dont il vient pourtant de sortir en excès. Regardez, il a dépassé à la hausse la résistance de ce canal. Or ce genre d’excès demande souvent à être corrigé. Nous avons eu un exemple similaire d’excès sur le CAC40 dernièrement ;
comme l’indice marque cet excès pile sur la résistance… j’ai un premier clignotant rouge sur le tableau de bord.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : à ce stade, il est hors de question de vendre l’indice. Si effectivement un mouvement de retournement devait apparaître, il faut attendre de voir comment la première correction se développe (volumes, consensus). Et ce n’est qu’à la deuxième vague de consolidation que l’on peut éventuellement jouer un retournement. Nous n’en sommes pas là – et de loin.
Surtout que, comme le disait Philippe à l’instant, les marchés sont en apesanteur. Ils ont sous les pieds une espèce de vide sidéral où aucune nouvelle économique ne peut exercer la moindre force d’attraction terrestre. D’où des séquences hallucinatoires qui se succèdent (sans doute le manque d’oxygène). Allez, pour se faire plaisir, regardez une de ces séquences hallucinatoires dont je parle sur le graphe journalier.
Rappelez-vous l’hypothèse de base : en cas d’élection de Trump, les indices allaient exploser en vol et nous en ramasserions les morceaux plus bas que terre. C’est l’inverse qui s’est passé (petite erreur de calcul des ingénieurs sans doute). La mise à feu (flèche grise) a été parfaite. Poussée maximale dès le décollage. Houston misait alors sur une amélioration des bénéfices des entreprises suite au programme de réforme fiscale de Trump. Ça, c’est effectivement une bonne (voire excellente) raison de faire décoller les indices. Le « Trump Trade » selon les médias.
Mais rapidement, on s’aperçoit que… eh bien la réforme fiscale a du mal à voir le jour. Pas de chance. Heureusement que la communication radio avec le centre spatial a été coupée à temps et que la fusée n’a pas reçu l’information ! Elle déclenche une nouvelle poussée et continue d’accélérer. Des rumeurs de destitution du président (donc fin de tout son programme qui avait justifié la hausse de Wall Street) ? Pas de problème ; la radio n’a pas été rétablie alors… Eh bien voici le Composite désormais dans la stratosphère. Vous voyez où je veux en venir. Quand l’irrationnel supplante le rationnel, c’est souvent le signe que la fin est proche et qu’il convient de faire extrêmement attention. Cela étant dit, redescendons sur terre pour reprendre un peu d’oxygène et analysons quels seront les signes d’un début de correction à surveiller.
Sur la vue journalière, j’ai reporté le niveau (un peu élargi) de la résistance trimestrielle ; le Nasdaq est à son contact.
Au niveau des volumes, on distingue une légère diminution des transactions (flèche orange sur volume). Peut-être un premier signe que le carburant (de la hausse) commence à se raréfier.
Le signal ? Ce sera un retournement baissier de l’indicateur de tendance MACD sous son axe de divergence.
Objectifs de la correction ? Si ce signal est confirmé, le canal haussier de court terme risque de casser. Le premier support d’importance se situe alors vers 5 800 points (rectangle vert horizontal).
Ce sera la première vague de consolidation : il ne faudra pas se précipiter, mais au contraire analyser les flux afin de savoir si la cabine est toujours pressurisée ou si on se prépare à une difficile rentrée dans l’atmosphère.
Au fait, vous vous rappelez de ce que je vous disais il y a quelques années ? Le Nasdaq est souvent un indice précurseur ; il ne faudra pas laisser passer le signal…
Bonne semaine,
Gilles,