Kerry est arrivé en Irak
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry (l’équivalent de notre ministre des affaires étrangères) est arrivé ce matin en Irak : plus précisément au Kurdistan irakien afin d’inciter les représentants de cette région autonome à combattre avec Bagdad l’avancée des djihadistes de l’EIIL dans le nord du pays. Cette situation explosive soutient les récents mouvements haussiers que l’on connait sur les marchés du pétrole. Comme présenté dans notre précédente analyse hebdomadaire, la résistance des 115/120$ de baril constituera le point de départ d’une opportunité de trading à la baisse sur le prix du baril. En effet, les pressions baissières à moyen terme ne manquent pas : négociation entre Washington et Téhéran autour de la levée des sanctions occidentales, pacte entre autorités libyennes et milices locales pour débloquer certains terminaux pétroliers, potentiel de l’Arabie Saoudite pour contrebalancer le manque d’approvisionnement en pétrole irakien. Bien que 90% du pétrole irakien transite par les infrastructures du Sud du pays, Washington semble inquiet de la déstabilisation du nord du pays, virant à l’affrontement communautaire après huit années d’occupation militaire de la coalition occidentale (de 2003 à 2011). Officiellement, le département d’Etat a ainsi commenté ce déplacement de John Kerry : « La visite du secrétaire d’Etat sera très importante à la fois pour s’entretenir avec les dirigeants kurdes et aussi pour les inciter à jouer un rôle très actif dans ce processus de formation du gouvernement, y compris dans le choix d’un président très puissant capable de représenter à la fois les intérêts kurdes mais aussi les intérêts irakiens ». Plus officieusement, comme l’a commenté l’analyste et journaliste Jean-Marc Colombani : les Etats-Unis tentent de recoller les morceaux d’un pays déchiré du fait de la guerre dans laquelle ils se sont engagés en 2003 sur le mensonge des armes de destruction massive. Bâtir à nouveau l’Irak, deuxième producteur mondial de pétrole, ne sera pas une mince affaire tant les Occidentaux se montrent prudents face à une intervention militaire coordonnée, malgré le soutien de l’ennemi d’hier, devenu l’allié (temporaire ?) d’aujourd’hui : l’Iran. A suivre de très près !
Zoom sur l'or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l'engouement actuel pour les valeurs refuges comme l'Or, l'Argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd'hui à l'or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement autour des 1 324$ l'once. L'actif s'échange désormais au sein d'un cycle haussier. En D1, le RSI (14) évolue au sein de sa zone de tension de surachat suite à la très forte hausse enregistrée ces dernières heures ; l’ensemble de nos objectifs haussiers de ces deux dernières semaines ont ainsi été validés, et même dépassés ! Voir nos précédentes analyses quotidiennes (nous sommes haussiers depuis le prix de 1 246$ par baril). Si les récents mouvements de la valeur sont grandement liés aux craintes soulevées par la déstabilisation de l’Irak, le dossier ukrainien et par le ralentissement économique en Chine, précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour la séance en cours, nous privilégions un scénario haussier ayant pour point pivot les 1 300$. Au-dessus de ce niveau, les cibles envisageables à l’achat se situent à 1 332$ et à 1 350$. En scénario alternatif, donc en dessous de ce point pivot situé à 1 300$, nous tablons sur des cibles à 1 285$ et à 1 271$. Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 300$) sert de support, comme actuellement, nous nous concentrerons sur un trading range avec un biais haussier, en ciblant particulièrement les 1 332$. Attention, toutefois : le biais haussier semble particulièrement fort pour le moment. Nos précédentes analyses sur l'or ont largement porté leurs fruits à l'occasion des dernières séances de trading.
Rappel de notre trame de fond
Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette troisième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est réduit, pour la cinquième fois. Initialement, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, suite au cinquième « tapering » (annoncé le mercredi 18 juin), ce montant mensuel est fixé à 35 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers auprès des opérateurs boursiers. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablions sur un arrêt total du programme « QE3 » à la fin de l'année.